En avril dernier, un certain Jean-Michel Servant était nommé « délégué interministériel à la forêt, au bois et à ses usages ». Lui-même exploitant forestier dans le Poitou, il était la veille encore de sa nomination le président de France-Bois-Forêt, qui fédère les industriels du bois et assure auprès des pouvoirs publics un lobbying efficace au bénéfice de l’exploitation effrénée des forêts. M. Servant est, entre autres, un défenseur acharné des coupes rases. Le principe d’une coupe rase ? Oh, c’est assez simple : là où une forêt diversifiée, complexe et vivante s’épanouissait, les arbres sont soudainement abattus par centaines. Le sol est mis à nu et défoncé par le passage de lourds engins et les souches d’arbres sont arrachées.
Pour la biodiversité, pour les services rendus par la forêt, pour l’adaptation de la forêt au changement climatique, pour sa résilience, c’est un désastre absolu. Pour l’industrie sylvicole, un jackpot…
Canopée-Forêts vivantes est une association qui agit « à la racine », pour faire changer les lois et les pratiques des entreprises et protéger les forêts en France et dans le monde. Les protéger, entre autres, des malfaisants de France-Bois-Forêt et de leur frénésie de coupes rases. A ce titre, l’association bénéficie depuis 2023 d’un agrément en tant qu’association de protection de l’environnement qui lui permet, notamment, de saisir la justice des multiples infractions de la filière bois, et de siéger dans certaines instances consultatives.
L’association a récemment publié une enquête très documentée -et que personne n’a pu démentir- sur le programme gouvernemental de plantation d’un milliard d’arbres. Cette enquête montre que ce plan s’est traduit par un gaspillage d’argent public et des coupes rases injustifiées.
C’est plus que n’en pouvaient supporter les nababs de la filière. Après avoir, à coup de fake news complaisamment colportées, fait passer les membres de Canopée pour des éco-terroristes, selon un procédé désormais bien rôdé, ils viennent de demander au tribunal administratif de Paris d’annuler l’agrément de l’association. Nul doute que M. le délégué interministériel appuiera la demande de toute son autorité.
Comment dit-on « procédure-baillon » en langue de bois ? s