Au plumard, citoyens ! Et vite ! Notre chef suprême vient de décréter la mobilisation reproductrice, le « réarmement démographique ». On croirait entendre le premier Premier ministre de la 5ème République Michel Debré, exhortant dans les années 60 les Français à « faire des enfants sur une grande échelle » (essayez, ça n’a rien d’évident…). Notre natalité s’effondre. En cause : les métaux lourds, les pesticides, les perturbateurs endocriniens de toutes natures qui ruinent le système reproducteur de l’homme et de la femme. Un petit-fils produit aujourd’hui 50 à 60 % de spermatozoïdes de moins que son grand-père ; le syndrome des ovaires polykystiques, un dérèglement hormonal, concerne une femme sur dix. Le chef d’Etat-major de la démographie française a-t-il l’intention de mettre au pas l’industrie et la panzer-agriculture pour mettre fin à ces pratiques qui nous perturbent la reproduction ? Dommage qu’il n’en ait pas dit un mot lors de son interminable conférence de presse.
En attendant, entonnons joyeusement avec Fernandel l’Hymne de la dénatalité, sur l’air de J’ai la rate qui s’dilate. Prêts ? Trois, quatre :
J’ai le sperme
Qu’est en berne
Les ovules
Ridicules
Les hormones
Plus très bonnes
L’hypophyse
C’est la crise
Des phtalates
Dans la rate
L’distilbène
Plein les veines
L’bisphénol
Ras le bol…
… Ah, bon Dieu, qu’c’est embêtant
D’être toujours patraque
Ah, bon Dieu, qu’c’est embêtant
J’aurai pas d’descendants
Au fait, est-ce vraiment si grave ? Quel est le « bon » niveau de population de la France ? Et du monde ? Faut-il que la population croisse sans cesse pour que nous soyons heureux ? Nous avons connu depuis un siècle une explosion démographique : peut-être n’est-il pas totalement aberrant de nous calmer un peu ? Le problème d’un ralentissement démographique, c’est qu’il s’accompagne inévitablement d’un vieillissement de la population. Mais traiter ce sujet par la natalité, c’est nous condamner à un baby-boom permanent. Peut-être serait-il plus malin d’affronter cette nouvelle transition démographique en imaginant une politique du grand âge (toujours promise, déjà oubliée…) et en construisant une économie qui tienne compte de ces décennies à venir qui verront la démographie ralentir.
Contre ce martial « réarmement démographique », verra-t-on demain se lever des objecteurs de naissances ?