Il y a dans toutes les familles un vieil oncle sympathique qu’on croise aux mariages, en se relayant pour lui faire la conversation : au bout d’un moment, il soûle un peu… Gentiment réac, il n’a évidemment rien contre les homos, il pense juste que leur place est en prison. Il veut bien tolérer l’IVG, mais pas qu’on gaspille l’argent des impôts pour la rembourser. Et à condition d’en raccourcir le délai : quatorze semaines c’est beaucoup trop ! Un petit quart d’heure, ça suffirait bien, non ? Quant au PACS, quelle horreur ! Une famille c’est un papa-une maman, quoi d’autre ? Suavement xénophobe, il estime que nos frontières sont des passoires et que tout ça c’est la faute à l’Europe. On se souvient malgré tout qu’il y a longtemps (très longtemps) il a tenu des propos vaguement écolos, et qu’il pense toujours que les alertes lancées par le GIEC doivent être prises au sérieux… à condition tout de même de ne pas remettre en cause notre modèle économique. L’interdiction de la vente des voitures thermiques neuves en 2035, décidée par l’Union européenne ? Il considère que c’est « punitif ». Il pense néanmoins important de « dire la vérité » sur la « dette écologique qui pèse lourdement sur les épaules de nos enfants ». Bref, on ne partirait pas en vacances avec lui, mais au fond on l’aime bien. Et puis, à son âge avancé, beaucoup peut lui être pardonné, n’est-ce pas ?
De là à en faire un Premier ministre…
A fortiori, un Premier ministre sous emprise du Rassemblement national, un parti ouvertement climatosceptique qui exige, lui aussi, de revenir sur l’interdiction de la vente des véhicules thermiques en 2035, et de mettre en place un moratoire sur les projets éoliens (ça tombe bien, M. Barnier a affiché de solides réticences sur ce » sujet).
Ministre de l’écologie entre 2007 et 2009, Tonton a piloté la mise en place du plan Ecophyto, qui devait réduire de moitié en dix ans l’usage des pesticides. Un succès mémorable : entre 2009 et 2018, cet usage a progressé de 14 %… Finalement, sous la pression de l’agrobusiness, ce plan a été carrément abandonné.
Par bonheur, l’espérance de vie d’un gouvernement Barnier atteint péniblement un an. Dans cette période, seuls celles et ceux qui n’en attendent rien ont une chance de ne pas être déçus. Et encore…
En matière d’écologie, tout le monde a compris depuis au moins 7 ans que « gouvernement démissionnaire », c’est un pléonasme.