Un fâcheux télescopage

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L’actualité est parfois espiègle…

Mercredi 21 juin : un communiqué du Parquet général annonce qu’il est mis fin aux activités du WWF (Fonds mondial pour la nature) dans tout le pays. Cette organisation est désormais « indésirable » : elle a l’interdiction d’ouvrir des structures, d’y mener des projets et d’y diffuser des informations. La mesure expose aussi ses employés et bénévoles à des poursuites judiciaires.

Ce même mercredi 21 juin, par un décret en Conseil des ministres, le gouvernement annonce qu’il est mis fin aux activités des Soulèvements de la Terre dans tout le pays. Cette organisation est désormais « indésirable » : elle a l’interdiction d’ouvrir des structures, d’y mener des projets et d’y diffuser des informations. La mesure expose aussi ses employés et bénévoles à des poursuites judiciaires. Ceux d’entre eux qui y contreviendraient s’exposeraient à trois ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.

La première de ces informations concerne la Russie de Vladimir Poutine.

La deuxième, la France d’Emmanuel Macron.

Pas d’amalgame, hein ! La Russie n’est pas la France.

Là-bas, on ne s’embarrasse pas d’un excès de précautions pour justifier une mesure liberticide : le Parquet général s’est contenté d’affirmer que les activités en Russie de l’ONG de protection de l’environnement représentaient « des menaces pour la sécurité dans la sphère économique » d’ « empêcher la mise en oeuvre de la politique du pays sur le développement industriel de l’Arctique, les ressources naturelles dans les territoires arctiques », et d’avoir « préparé des évaluations tendancieuses » ayant pour but d’ « entraver le développement économique » du pays.

Ici c’est tout de suite plus compliqué. De quoi sont accusés les Soulèvements de la Terre ? De contester l’accaparement par l’agro-industrie d’une ressource publique dont la rareté se fait chaque jour plus criante : l’eau. Faut-il encore le rappeler ? L’agriculture est la première activité consommatrice d’eau en France (57 % du total) alors que seules 6 % des surfaces agricoles sont irriguées.

On les accuse aussi de critiquer des aménagements décidés il y a plus de trente ans dans un tout autre contexte, destructeurs de la biodiversité, et à l’utilité contestable.

Bref, ce qu’on leur reproche, c’est de représenter « des menaces pour la sécurité dans la sphère économique » et d’« empêcher la mise en oeuvre de la politique du pays sur le développement industrie ».

Sauf qu’ici on ne peut pas le dire aussi clairement. Alors on met en scène de prétendues « violences », on organise à grand spectacle des rafles de militants au petit matin, sous l’accusation infamante de « terrorisme ». Qu’importe si, après quatre jours de garde à vue arbitraire, ces militants sont tous -tous !- relâchés en toute discrétion par la Justice sans qu’aucune charge soit retenue contre eux ?

La blague date de l’Union soviétique : quelle est la différence entre la dictature et la démocratie ? – La dictature c’est « ta gueule », la démocratie c’est « cause toujours ».

En France, où en est-on ?