On peut plus s’amuser…

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Dimanche 20 août, fête votive à Pérols-sur-Vézère (Corrèze).  Ambiance bon enfant, défilé de chars… L’un de ces chars est conduit par le maire de la commune, Alain Fonfrede. Sur le char, des jeunes armés de fusils (des vrais, pas des jouets) et sur l’avant du véhicule, une immense banderole « Mort aux écolos ».

Lorsque quelques pisse-froid ont osé s’indigner de cet appel au meurtre, le maire a expliqué que, naturellement, « C’était du 3e et du 4edegré », et que les jeunes qu’il véhiculait sur son char étaient forcément inoffensifs, étant seulement des fils d’agriculteurs, d’artisans, ou de commerçants. Et de conclure, agacé : « On peut plus s’amuser… ».

Il est bien connu que les écolos sont tous, au mieux, des Amishes, ou plus souvent des « éco-terroristes ». Voilà deux références qui n’appellent guère, en effet, à l’abus du fluide glacial, du coussin péteur, ou d’autres accessoires raffinés avec lesquels, on suppose, M. le Maire et ses braves citoyens aiment « s’amuser ».

Peut-on néanmoins s’autoriser à suggérer à M. le Maire de vérifier si, parmi les terroristes du Bataclan ou les poseurs de bombes du FLN ou de l’OAS ne figuraient pas quelques inoffensifs rejetons d’agriculteurs, d’artisans, ou de commerçants ?

La pathétique défense de M. Fonfrede évoque -l’ironie et le talent en moins- le sketch de Pierre Desproges : « N’empêche qu’on ne m’ôtera pas de l’idée que pendant la dernière guerre mondiale de nombreux Juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi. Il est vrai que les Allemands, de leur côté, ne cachaient pas une certaine antipathie à l’égard des Juifs, mais enfin ça n’était pas une raison pour exacerber cette antipathie en arborant une étoile à sa veste… ».

Depuis l’ « incident », aucun élu de la République -hormis quelques bonnets de nuit écolos- n’a condamné le maire, ni appelé à sa démission. Imaginons un seul instant que pendant une manif écolo, un quidam ait arboré une pancarte « Mort aux maires »… Le ban et l’arrière-ban du gouvernement et du parlement se seraient mobilisés pour défendre la démocratie menacée et la patrie en danger. Là, silence gêné (on espère, gêné…).

Cette rentrée s’annonce mal ! Déjà qu’on pouvait plus rien dire, si en plus on peut plus s’amuser, il va nous rester quoi ?