L’alternative ou l’ersatz ?

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Les agriparatchiks de la FNSEA et leur petit télégraphiste Marc Fesneau (officiellement ministre de l’Agriculture) ont donné la pleine mesure de leur talent à l’occasion de la nouvelle pantalonnade européenne sur le glyphosate.

Rappel de quelques épisodes précédents : en 2017 le président Macron annonce la fin de l’utilisation de cet herbicide cancérogène et ravageur pour la biodiversité « au plus tard dans trois ans ». Six ans plus tard, la Commission européenne propose de réautoriser cette arme de destruction massive pour dix ans, et la France s’abstient courageusement. Tout en plaidant pour une réautorisation… pour sept ans.

Mais surtout, M. Fesneau a introduit dans son discours une précision de taille : la sortie du glyphosate sera effective et opérationnelle « dès lors qu’il existe une alternative au glyphosate ».

Une « alternative » ? Mais il en existe déjà plein, des alternatives ! Pour se débarrasser des « mauvaises herbes » (c’est à ça que sert le glyphosate), certains viticulteurs pratiquent l’agropastoralisme : ce sont les moutons qui s’occupent du désherbage. D’autres agriculteurs modifient et allongent la rotation de leurs cultures, avec pour effet de perturber le cycle de reproduction des « mauvaises herbes » sur chacune des parcelles. Celles qui prolifèrent en compagnie d’une espèce cultivée particulière ne peuvent guère se reproduire les années suivantes au voisinage d’espèces dont la croissance et le développement interviennent à des dates différentes. D’autres encore, parfois les mêmes, recourent à des cultures de couverture pour ne pas laisser la place aux adventices (les « mauvaises herbes ») avant les semis. Accessoirement, ces cultures -légumineuses, moutarde- peuvent procurer un surcroit de revenu à l’exploitant. Encore faut-il créer les filières pour valoriser ces cultures « intérimaires ». Et accepter une légère baisse de rendement sur la culture principale. Mais cela, ni M. Fesneau ni ses maîtres ne veulent en entendre parler.

Ce qu’ils réclament, en fait, c’est une molécule qui n’existe pas, qui ne serait pas du glyphosate, mais qui aurait les mêmes effets que le glyphosate. On peut appeler ça un ersatz. Ou un succédané. Ou un sous-équivalent. Ou un substitut.

Mais en aucun cas, une alternative.