La Bible nous enseigne qu’il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. L’actualité nous inciterait plutôt à la tourner soixante-dix-sept fois sept fois avant de tresser des lauriers à un ministre… La récente mésaventure vécue par les élues écologistes Sandrine Rousseau, Marie Toussaint, et quelques autres en témoigne.
L’ADEME (agence de l’État en charge de la transition énergétique) a fait dans une campagne publicitaire l’éloge de la déconsommation, conforme en cela à la ligne énoncée par Emmanuel Macron dans son discours du 5 septembre 2022 où il annonçait notre entrée dans l’ère de la sobriété. Hurlements du patronat et des syndicats de commerçants, puissamment relayés par le ministre de l’Économie et la Première ministre, qui somment le ministre de l’écologie Christophe Béchu de retirer sur-le-champ ces spots « décroissants ». Refus du ministre. Il fait valoir que 0,2 % de temps d’antenne prônant la sobriété ne sont que peu de choses à côté des 99,8 autres pourcents qui appellent à la surconsommation effrénée, s’attirant ainsi (une fois n’est pas coutume) les louanges de Mmes Rousseau, Toussaint et consorts.
Las… A peine quelques jours plus tard, un communiqué triomphal du MEDEF (le syndicat des patrons) annonce qu’à l’issue d’une rencontre avec l’infortuné Béchu, où l’on devine qu’il s’est fait sévèrement remonter les bretelles, plusieurs dispositions ont été arrêtées :
- Consulter les entreprises avant tout projet de nouvelle campagne de communication concernant les acteurs économiques ;
- Engager une réflexion entre le MEDEF et le ministère de la Transition écologique sur les conditions de la croissance responsable ;
- Faire siéger un représentant du MEDEF au conseil d’administration de l’ADEME.
En clair, les fanatiques de la croissance sans fin ont obtenu de mettre l’État sous tutelle, de disposer à leur profit exclusif d’un droit de regard sur toute communication pourtant payée par des deniers publics, et de faire prévaloir sans partage l’idéologie mortifère du « toujours plus ».
Curieusement, le service de presse du ministère de l’écologie s’est abstenu de communiquer sur ce brillant résultat. Encore plus curieusement, Sandrine Rousseau, Marie Toussaint et leurs comparses n’ont pas trouvé matière à commentaire. Trop occupées, sans doute, à tourner sept fois leur langue…