Tous les dix ans, un département français disparaît.
C’est l’alerte que lançait la Cour des Comptes en 2020 : en dix ans, 600 000 hectares – l’équivalent d’un département comme le Var, le Nord ou les Charentes- ont été engloutis sous le béton. La situation a été jugée suffisamment alarmante pour que le parlement adopte, dans la loi Climat et Résilience adoptée en 2021, le dispositif Zéro artificialisation nette (ZAN). Oh, rien de bien révolutionnaire : le « Zéro » artificialisation n’est pas pour tout de suite. Ce terme est fixé… à 2050. En attendant, une première échéance place le curseur à – 50 % en 2030. Soit encore un demi-département en dix ans, tout de même !
Bien sûr, ces nouvelles règles ne facilitent pas la vie des élus locaux : quoi de plus gratifiant, pour un maire ou un président de département, que de couper le ruban d’une nouvelle route, d’une « zone d’activités », ou d’un complexe écolo-culturalo-sportivo-pôle du vivre-ensemble qui un jour -qui sait- portera son nom ? Évidemment, certains de ces équipements sont utiles. Pour les construire on pourrait utiliser les terrains déjà artificialisés, les friches industrielles ou commerciales, les parkings délaissés… Mais voilà : ça coûte plus cher, c’est juridiquement plus compliqué, c’est plus long… et un mandat d’élu c’est court. Alors on préfère laisser les friches urbaines s’enlaidir et se clochardiser, et bâtir sur toujours plus de nouvelles terres agricoles ou naturelles.
En juillet de cette année, à l’initiative du Sénat, une nouvelle loi est venue adoucir la -très relative- rigueur de la loi de 2021. Mais c’est encore trop pour le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes. Bravache, il s’est permis d’annoncer que sa Région n’appliquerait pas le dispositif. En clair, M. Wauquiez a lancé ce samedi sa candidature pour l’élection présidentielle de 2027 en proclamant qu’il allait violer la loi de la République. Sur un territoire qui représente 13 % de la France métropolitaine, la loi ne s’appliquera pas. Même les plus fanatiques des nationalistes corses n’ont jamais osé !
Un peu partout en France, des militants qui s’opposent pacifiquement à des projets inutiles et coûteux -parmi lesquels la calamiteuse autoroute Castres-Toulouse- sont traqués, embastillés, surveillés comme des terroristes alors qu’ils vont, eux, dans le sens de la loi.
Mais aux dernières nouvelles, le forcené d’Auvergne-Rhône-Alpes est toujours en liberté.