Ça alors ! On maltraitait des vieux dans un réseau de machines à cash et les services du ministère de la Santé, supposés contrôler les Ehpad, n’en ont rien vu, rien su.
Il aura fallu que l’enquête d’un journaliste rassemble ce que chaque famille déplorait individuellement pour que le mundillo politicien en campagne s’émeuve, s’indigne, s’invective et, bombant le torse, propose un arsenal disparate de mesures « audacieuses ». Forcément « audacieuses »…
Cela n’empêchera pas, dans la phrase suivante, Mme Pécresse (tout à son audace) de promettre la suppression de 200 000 postes de fonctionnaires. Et comme on ne peut pas s’attaquer aux flics (l’insécurité rôde) ni aux soignants (c’est déjà fait), on vise « l’administration administrante », celle qui produit des normes et des règlements (nécessairement « kafkaïens » et tueurs d’initiatives) et tente de les faire appliquer.
Les inspecteurs du ministère de la Santé, par exemple…
Ou ceux du travail.
Ou ceux de l’environnement, même si là encore le travail a été largement entamé au cours des années écoulées. En 2020, il ne restait plus que 1380 inspecteurs sur l’ensemble du territoire français pour faire respecter les lois en matière de protection de l’environnement, de préservation de la biodiversité et pour contrôler 500 000 sites classés, dénommés « installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) ». On compte donc un agent pour 362 sites classés. Sans compter le reste du travail…
Promettre des mesures fortes en détruisant méthodiquement les moyens de les faire appliquer, c’est tout un art !
Il y a bien un autre moyen de préserver la tranquillité d’esprit des citoyens : museler les journalistes pour éviter que les scandales n’éclatent. Rassurez-vous : on s’y emploie. Pour avoir couvert une manifestation anti transport aérien, notre confrère de Reporterre Alexandre-Reza Kokabi a été conduit à la gendarmerie d’Orly le 20 juin 2020, puis transporté à la brigade de gendarmerie de Pontoise. Il a été privé de liberté pendant dix heures. Un an plus tard, dans une décision datée du 16 juillet 2021, le sous-préfet chargé de mission pour l’aéroport Paris-Orly, représentant de l’État français, pourtant avisé de sa qualité de journaliste (carte de presse et tout), a prononcé à son encontre une amende de 750 euros, justifiée par un « manquement à la sûreté aéroportuaire ».
La voilà, l’audace…