« Le quinquennat sera écologique ou ne sera pas ! » : c’est ce qu’a promis le candidat Macron le 16 avril. Puisque nous savons maintenant qu’il sera, reste à voir comment il pourrait être « écologique ».
Dans une lettre ouverte en forme de réquisitoire implacable, Claire Nouvian, la fondatrice de l’association BLOOM, avait dressé en février le consternant bilan du premier quinquennat : soutien au lobby du BTP pour la réalisation du « Grand Contournement Ouest » de Strasbourg… Saccage de la gestion des forêts publiques françaises… Reniement sur l’interdiction du glyphosate… Condamnation de la France par sa propre justice pour inaction climatique… Refus obstiné d’une journée sans chasse… Réintroduction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles… Impunité garantie aux lobbies de la pêche industrielle… Pouvoir donné aux préfets de déroger au Code de l’environnement…
Dans un style plus policé, le rapport d’activités de l’Autorité environnementale (Ae) pour 2021, publié le 7 avril, est tout aussi décapant : « l’Ae ne détourne pas son regard. Elle analyse de nombreux dossiers de plans ou programmes censés engager une vraie transition écologique et des projets qui devraient y contribuer. Elle constate, dans ces dossiers, un écart préoccupant entre les objectifs fixés à moyen et long terme, les ambitions affichées pour les atteindre et les actes censés les traduire (…). Alors que la crise sanitaire a révélé et aurait pu conduire à revoir des modèles à bout de souffle, les mêmes programmes, les mêmes financements, les mêmes projets qui auront, pour la plupart d’entre eux, des conséquences irréversibles sur une ou plusieurs dizaines d’années sont invariablement présentés. Conservatismes ou intérêts économiques, les freins conduisant à l’immobilisme sont nombreux. Certaines décisions sont même des régressions ».
On continue ?
« Dans ce contexte, les modifications du droit français de l’environnement, au prétexte de « simplifier » les processus administratifs, ont multiplié les cas dérogatoires au droit commun, augmenté la complexité pour les services instructeurs et réduit la lisibilité des procédures pour les pétitionnaires. Elles conduisent à appauvrir l’analyse environnementale, [et] l’information et la participation du public « .
La Commission européenne elle-même vient d’administrer une volée de bois vert à la France, sommée de réviser son plan stratégique national (PSN) qui déclinera à l’échelle nationale la nouvelle politique agricole commune (PAC)… elle-même déjà bien timide. Dans un courrier de 34 pages, la Commission considère, avec un sens délicieux de la litote, que le PSN de la France « ne permet d’accompagner que partiellement la transition écologique des secteurs agricole et forestier ».Suit une liste impressionnante de griefs qui visent tous des concessions au lobby de la panzer-agriculture.
C’est pourtant le nom du ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, qui revient avec insistance pour devenir le prochain premier ministre « chargé de la planification écologique ». Un peu comme si Vladimir Poutine recevait le prix Nobel de la paix…
Dimanche, la sentence est tombée : ayant échappé au pire du pire, la biodiversité et le climat en ont pris pour cinq ans ferme. A moins que, suite aux législatives, ils n’obtiennent un aménagement de peine.