Planification, piège à cons !

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Le hold-up, d’une audace incroyable, a été commis le 16 avril dans les jardins du Pharo à Marseille. Il a été suivi en direct sur toutes les chaînes d’information en continu. La victime, dénommée Mélenchon Jean-Luc, est un touriste aperçu à quelques reprises depuis cinq ans près de la Canebière, où il a même décroché un petit boulot d’appoint : un CDD de député de la 4ème circonscription. Sinon, son métier à plein temps c’est futur premier ministre. Un CDD là aussi, dont l’échéance est fixée au 17 juin prochain.

Le braqueur a été lui aussi rapidement identifié : Macron Emmanuel, un délinquant climatique défavorablement connu des écologistes (et de quelques autres… Beaucoup d’autres, en réalité).

Le butin ? Oh, pas grand-chose à première vue. Pas même un concept, tout au plus un slogan : la « planification écologique ». De quoi s’agit-il ? Ni l’auteur des faits, ni la victime n’ont été en mesure de le dire clairement aux enquêteurs.

On comprend leur embarras : comment peut-on « planifier » l’écologie ? L’enjeu c’est la coexistence, sur une planète finie, entre une espèce -la nôtre, invasive mais à laquelle nous sommes quand même un peu attachés- et toutes les autres espèces. C’est l’avenir du tissu vivant de notre planète commune. Qui sont-ils donc, ces docteurs Folamour qui prétendent planifier le vivant ? Enrégimenter la nature ? Technocratiser les écosystèmes ?

Par son énoncé même, la « planification écologique » est une impasse. Un délire prométhéen qui ne peut qu’aggraver le désastre où nous conduisent les économies extractivistes.

Le vivant n’a pas besoin qu’on le « planifie », qu’on lui assigne des objectifs et des feuilles de route, bref qu’on accroisse encore les pressions que nous lui infligeons. Il y a au contraire urgence à alléger ces pressions, à laisser respirer les écosystèmes. A agir avec les autres espèces plutôt qu’à prétendre les « planifier ». Chaque jour qui passe accroit l’urgence de ce changement de logiciel.

Le récent rapport du GIEC, passé largement inaperçu, nous donne trois ans pour ce changement. Après… Une étude publiée la semaine dernière dans la revue Science alerte sur le fait que les océans pourraient connaître une extinction de masse comparable à celle du Permien. Lors de cet événement catastrophique, la biodiversité marine avait été réduite à son strict minimum, sous l’effet combiné d’une hausse des températures et d’un déclin de l’oxygène dans les océans, une trajectoire également en cours aujourd’hui. Un tel effondrement de la biodiversité marine serait évidemment catastrophique pour l’approvisionnement alimentaire de milliards d’humains.

A l’inverse, des écosystèmes fonctionnels sont en mesure de nous procurer -gratuitement !- des services d’une valeur inestimable : services d’approvisionnement (la quasi-totalité de ce qui nous nourrit, le bois qui nous chauffe ou nous abrite, l’eau que nous buvons) ; services de régulation (stockage du CO2 et limitation du changement climatique, purification de l’eau, fertilité des sols) ; services culturels (beauté des paysages, éducation…).

Ce que n’ont compris ni le braqueur de Marseille, ni sa victime, c’est qu’on ne pourra jamais bénéficier de ces services en prétendant les gérer comme un stock dans lequel on pourrait puiser en se contentant de « planifier » les prélèvements. La bonne fonctionnalité des écosystèmes implique qu’on les laisse se réguler comme ils l’entendent, dans toute la complexité des interactions entre les espèces qui les constituent.

Vous avez aimé la « transition » écologique de ces cinq dernières années, qui n’a accompagné que des régressions et des abandons ? Vous adorerez la « planification » des cinq années à venir, qui ne peut qu’occasionner plus de dégâts encore !