Elle s’appelle Morgan Large. Elle est journaliste, vit et travaille dans un pays démocratique (la France), dans une région ouverte et tolérante (la Bretagne). A l’avenir elle devra peut-être vivre sous protection policière. C’est en tout cas ce que Reporters sans frontières a demandé pour elle après que des inconnus ont saboté sa voiture, mettant en péril sa vie et celles de ses proches. Son tort ? Avoir enquêté sur la toute-puissance d’une agro-industrie qui ravage la biodiversité, stérilise les sols, et met en péril la santé publique. Au nom d’un mantra sensé valoir absolution de tous les péchés : « nous nourrissons les hommes ». Comme s’il n’existait qu’une façon (la panzer-agriculture) de nourrir les hommes. Comme si d’autres agricultures étaient réservées à ce qu’un mépris systémique des dirigeants qualifie d' »Amishs ». Le plus grave est que dans cette entreprise mafieuse qui vise à réduire au silence toute voix discordante, les organisations agricoles se sont annexées la puissance publique. Par une convention conclue en 2019 entre la FNSEA et la gendarmerie nationale, une cellule spécialisée d’argousins, baptisée Demeter, est chargée « de la prévention et du suivi (…) des actions de nature idéologique » visant des exploitants, y compris lorsqu’il ne s’agit que « de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ». Relisez doucement… Ce n’est pas une blague, ni un mauvais roman. Ce mercredi, l’Office pour les insectes et leur environnement organisait une table-ronde intitulée « Les insectes dans le débat public ». Parmi les intervenants, le journaliste du Monde Stéphane Foucart, qui a révélé le contenu de cette convention, a un peu plombé l’ambiance. En faisant apparaître la réalité : l’agro-industrie est ravageuse pour la biodiversité, pour les sols, pour les insectes… et aussi pour le débat public et la démocratie. Cela, dans un pays démocratique (la France).
Dommages collatéraux
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