L’Organisation non-gouvernementale Aidenvironment identifie le groupe Nusantra Fiber comme responsable de la plus grande déforestation par l’industrie forestière industrielle en Indonésie au cours des cinq dernières années.
Nusantara Fiber est un groupe assez discret, si ce n’est secret. L’identité des propriétaires est dissimulée grâce à la juridiction des Samoa, un État indépendant d’Indonésie. L’île est considérée un paradis fiscal et un centre financier offshore apprécié des entreprises. Protégé par les lois de ce petit État, le groupe Nusantara Fiber est tenu responsable par l’Organisation non-gouvernementale (ONG) environnementale Aidenvironment de la plus grande déforestation par l’industrie forestière en Indonésie au cours des cinq dernières années. Un rapport de l’ONG montre que les six filiales du groupe ont défriché un total de 26 000 hectares de forêt à Bornéo en Indonésie de 2016 à 2020 pour planter du bois de pulpe, du bois d’œuvre et des arbres qui seront utilisé pour la biomasse. Le document relève que le groupe « secret » contrôle au 242 000 hectares de plantations d’arbres industriels via ses filiales dans les provinces de Bornéo dans la Kalimantan occidental, central et oriental.
Une analyse spatiale réalisée par Aidenvironment a permis de constater que Nusantara Fiber a obtenu la plupart de ses permis entre 2009 et 2011 et a commencé à défricher des zones forestières pour développer ses plantations en 2016. Les 26 000 hectares de forêts défrichés entre 2016 et 2020 font de ce groupe le premier déforesteur parmi toutes les entreprises ayant des concessions d’arbres industriels en Indonésie pendant cette période. Plus récemment, le groupe a défriché 6 500 hectares de forêts en 2020. Il soutient que ces zones ont été désignées comme des terres dégradées et que son activité de défrichement a été approuvée par le ministère de l’Environnement et des Forêts. Le rapport reconnaît en effet que le gouvernement indonésien n’a pas interdit tous les défrichements de forêts. Cependant, les forêts perdues n’étaient pas dégradées et étaient même encore « précieuses » selon l’ONG.
Le document cite les activités de PT Industrial Forest Plantation (IFP), une des six filiales de Nusantara Fiber. IFP est présente dans le district de Kapuas, dans la province du Kalimantan central. Une évaluation de 2016 de l’habitat des orangs-outans en Indonésie indique que les forêts situées à l’intérieur de la concession d’IFP chevauchaient presque entièrement un habitat connu de l’orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus wurmbii), un animal en danger critique d’extinction. « Une évaluation de 2014 commandée par l’IFP avait également identifié la présence d’orangs-outans à l’intérieur des limites de la concession, ainsi que d’autres espèces de faune et de flore protégées, dont 29 espèces d’oiseaux, 22 espèces de mammifères, six types de reptiles et 15 espèces d’arbres et de plantes », précise le rapport. Malgré ces évaluations, l’IFP a continué à déboiser 10 700 hectares entre 2016 et la fin du mois d’octobre 2020. L’ONG souligne que le cas de cette entreprise montre que les zones défrichées ont encore de la valeur même si elles ont été classées comme forêts secondaires ou dégradées.
L’Indonésie est constamment frappée par la déforestation et l’atteinte aux droits fonciers des peuples autochtones. Selon la plateforme de surveillance des forêts Nusantara Atlales, des images satellites des deux premiers mois de 2021 montrent une déforestation de 64 hectares dans deux concessions de Digoel Agri, celles détenues par ses filiales PT Boven Digoel Budidaya Sentosa et PT Perkebunan Boven Digoel Sejahtera. Pusaka, une organisation indonésienne à but non lucratif déclare que Digoel Agri n’a pas obtenu le consentement libre, préalable et éclairé des tribus indigènes locales pour opérer dans la zone, qui fait partie du projet Tanah Merah, appelé à devenir la plus grande plantation de palmiers à huile du monde. « Après avoir interrompu ses opérations de déboisement en 2020, le conglomérat Digoel Agri a apparemment repris ses activités dans la province indonésienne de Papouasie, suscitant l’inquiétude des communautés autochtones locales qui affirment n’avoir jamais accepté sa présence sur leurs terres ancestrales », a expliqué le site d’informations Mongabay