Total va construire un nouvel oléoduc traversant près de 2 000 km2 de zones protégées en Afrique

Photo d'illustration ©jdblack de Pixabay

2023
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Le projet d’oléoduc développé par la compagnie pétrolière française Total et la société d’État chinoise China National Offshore Corportation reliera l’Ouest de l’Ouganda à la côte Tanzanienne, traversant au passage des zones protégées.

Malgré de vives oppositions de la part des écologistes, la compagnie pétrolière française Total et la société d’État chinoise China National Offshore Corportation devraient débuter d’ici juillet 2021 la construction d’un oléoduc traversant près de 2 000 km2 de zones protégées en Afrique. Le projet reliera les champs pétrolifères du bassin du lac Albert (dans l’ouest de l’Ouganda) au port de Tanga (sur la côte tanzanienne) et coupera certaines des zones les plus riches en biodiversité d’Afrique de l’Est. S’il est achevé, l’oléoduc de 3,5 milliards de dollars transportera du brut lourd (hydrocarbure) provenant de plus de 130 puits à l’intérieur du plus grand parc national de l’Ouganda. Ce dernier abrite des éléphants et des lions africains menacés, une grande population de crocodiles du Nil et plus de 400 espèces d’oiseaux.

Le tracé de l’oléoduc traverse le bassin du lac Victoria, à cheval sur plusieurs pays d’Afrique de l’Est, et croise des cours d’eau de toutes tailles dont la rivière Kagera. En Ouganda, l’installation aura un impact sur près de 2 000 km2 de zones protégées abritant des espèces menacées, notamment des chimpanzés de l’Est et des éléphants de la savane africaine. En Tanzanie l’ouvrage traversera sept réserves forestières et la steppe de Wembere, une zone de biodiversité reconnue comme essentielle. Le port de Tanga, point de chute de la canalisation jouxte deux zones marines écologiquement sensibles. Les écologistes craignent que des déversements de pétrole viennent endommager ces zones naturelles. Les défenseurs de l’environnement expliquent aussi qu’au-delà de porter atteinte à la faune et la flore, le projet d’aménagement va à l’encontre des efforts déployés pour bloquer les investissements dans un combustible polluant qui aggrave le réchauffement climatique.

Le projet a été autorisé sans aucun plan de gestion environnemental et social. Face à une pression croissante des groupes d’opposants, Total a annoncé en mars 2021 que ses activités de forage dans le parc national de Murchission Falls seraient limité à 1 % de la superficie du parc et que l’entreprise financerait une augmentation de 50 % du nombre de gardes forestiers pour soutenir les efforts de conservation. Une annonce qui n’a pas tellement convaincu. Le projet risque également de perturber le bien-être des communautés locales : en effet, plus de 12 000 familles seront déplacées de leurs terres ancestrales pour faire de la place à l’ouvrage.

Le journal d’informations Mongabay précise dans un article que pour stopper le projet, les écologistes tentent de bloquer le financement en faisant pression sur les investisseurs, les banques et les compagnies d’assurance. « En mars, une lettre ouverte signée par plus de 250 organisations de la société civile a appelé 25 banques commerciales à ne pas financer le projet. Cette campagne a conduit deux des principaux financiers de Total, Barclays et Credit Suisse, à nier toute intention de financer l’East African Crude Oil Pipe Line (EACOP). »