Suivre les Albatros pour mieux les protéger

Photo d'illustration ©jmarti20 de Pixabay

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Des chercheurs ont suivi une soixantaine d’Albatros des Antipodes par satellites afin de découvrir les zones dans lesquelles ils sont en danger.

Si rien ne change, l’Albatros des Antipodes, pourrait disparaître d’ici une vingtaine d’années en raison des prises accidentelles lors de la pêche à la palangre (engin de pêche dormant, composé d’une ligne mère sur laquelle sont fixés des avançons, portions de fil de nylon se terminant par un hameçon). Cet oiseau de mer peut vivre jusqu’à 70 ans. Il atteint sa maturité vers l’âge de dix ans et ne pond qu’un seul œuf à chaque tentative de reproduction soit tous les deux ans. Ce rythme de reproduction lent rend l’espèce vulnérable aux menaces humaines. En 2018, l’Albatros des Antipodes a été classé « en danger » sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) car plus de la moitié de sa population reproductrice a disparu depuis 2004.

La principale menace à laquelle ils doivent faire face est la pêche et ses prises accidentelles : les oiseaux se font emporter par les filets alors qu’ils se nourrissent des poissons amassés. Pour découvrir quelles sont les zones où ces oiseaux sont les plus exposés à ce risque, des chercheurs ont installé des émetteurs satellites sur 63 albatros des Antipodes et les ont suivis pendant une période allant jusqu’à 12 mois. Huit émetteurs ont cessé de fonctionner à proximité de navires de pêche et un émetteur a ensuite été récupéré sur un oiseau capturé par un palangrier de haute mer pêchant au large des Samoa américaines – un territoire américain situé en Océanie. Ils ont ensuite superposé ces données de suivi aux distributions des bateaux de pêche à la palangre, ils ont constaté que les zones de chevauchement les plus importantes se situaient en haute mer dans l’océan Pacifique occidental, en particulier au milieu de la mer de Tasmanie et au nord-est de la Nouvelle-Zélande. Les données ont révélé l’implication de plusieurs flottes de pêche importantes battant pavillon de Taïwan, Vanuatu (bien que les navires soient probablement exploités par des entreprises de Taïwan ou de Chine), de Nouvelle-Zélande, de Chine et d’Espagne.

Ces informations vont permettre de cibler les efforts visant à réduire les prises accidentelles d’oiseaux marins. Le gouvernement néo-zélandais a déjà engagé le secteur de la pêche, à la fois au niveau national et par le biais des canaux diplomatiques internationaux, pour s’assurer que des mesures d’atténuation (telles que des lignes d’effarouchement des oiseaux, des lignes de pêche lestées, des dispositifs de protection des hameçons et la pose des lignes de pêche la nuit) sont utilisées dans ces zones à haut risque, a indiqué l’association de protection des oiseaux Birdlife. « Ils ont également introduit récemment une réglementation exigeant la présence de caméras à bord des navires commerciaux pêchant dans la zone économique exclusive de la Nouvelle-Zélande, à l’ouest de l’île du Nord. Ces réglementations seront étendues en 2021 et visent à renforcer la surveillance à bord pour garantir le respect des mesures d’atténuation ».