Pas de papillons, pas de coton !

Photo d'illustration ©TieuBaoTruong de Pixabay

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Les abeilles dominent la pollinisation des champs de coton, mais une récente étude publiée dans la revue Agriculture, Ecosystems & Environment montre que les papillons jouent également un rôle très important dans les rendements de coton.

Les abeilles, ces stars des pollinisateurs, sont souvent acclamées à juste titre pour les services rendus. Particulièrement efficaces pour les cultures de fruits ou d’oléagineux comme les amandes, elles présentent cependant quelques failles pour les cultures de coton. C’est là qu’entrent en scène d’autres espèces de pollinisateurs : les papillons. Une nouvelle étude publiée dans la revue Agriculture, Ecosystems & Environment, suggère qu’en fécondant les fleurs de coton que les abeilles ne visitent pas, d’autres types d’insectes – principalement les papillons et les syrphes – contribue à hauteur d’environ 120 millions de dollars par an à la récolte de coton uniquement au Texas. « Les papillons ne sont pas aussi abondants que les abeilles, et ils ne font pas d’efforts pour collecter le pollen. Contrairement aux abeilles, dont le corps poilu est facilement recouvert de la poussière jaune, les papillons ont des pattes longues et délicates qui frôlent rarement les anthères productrices de pollen d’une fleur », indique le journal Science dans un article.

Sarah Cusseur, écologiste paysagiste à l’université du Vermont, a mené cette nouvelle étude. Elle indique qu’en ce qui concerne la pollinisation, les papillons ont été méprisés. La chercheuse étudie la biodiversité des habitats et des pollinisateurs contribuant à l’agriculture. Elle s’est intéressée à ces facteurs dans le coton, des sites présents en nombres le longe de la Côte du Golfe du Mexique. Pour savoir si le coton était bien pollinisé, elle a capturé et identifié 2 444 insectes et le type de pollen qu’ils transportaient. Elle pensait trouver majoritairement des abeilles domestiques, mais il s’avère qu’elle a trouvé différentes espèces d’abeilles sauvages, des centaines de mouches et de papillons. Au total, 40 espèces d’abeilles ont été recensées, 16 espèces de mouches et 18 espèces de papillons. L’étude montre également que les insectes visitaient les fleurs à différents moments de la journée. Les mouches sortent tôt. Puis arrivent les papillons et lorsqu’il faisait vraiment chaud, les abeilles étaient là en force. « Le moment est important, car chaque fleur de coton n’est réceptive au pollen que pendant quelques heures et se fane au coucher du soleil », précise le journal Science.

Il a également été observé que les différents insectes visitaient différentes parties du cotonnier. Sans réelle explication, les abeilles préféraient butiner les fleurs intérieures, plus proches de la tige principale. Les mouches et les papillons se posaient quant à eux sur les fleurs extérieures. Ces préférences signifient essentiellement que les mouches et les papillons visitent environ 50 % de fleurs en plus que si les abeilles étaient les seuls pollinisateurs. La chercheuse souligne que ce phénomène de « complémentarité de la pollinisation » n’est pas propre au coton. Dans les vergers d’amandiers, les abeilles sauvages et les abeilles domestiques visitent différentes parties des arbres.

Les abeilles méritent leur rôle d’acteur principal puisqu’elles font encore le plus gros du travail. Dans les champs de coton, elles sont responsables d’environ 66 % pollinisation. Cependant, le travail des mouches et des papillons représente un supplément non négligeable d’environ 120 millions de dollars par an pour les producteurs de coton du Texas.

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