Une équipe du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a observé que des plantes, tout en réduisant le risque d’érosion et donc de transport de particules polluantes, peuvent atténuer le transfert de polluants dans l’eau souterraine.
Fabienne Battaglia-Brunet, microbiologiste au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) a travaillé avec ses collègues et des confrères de l’Institut des Sciences de la terre d’Orléans (ISTO) à réduire l’impact d’anciens sites miniers sur l’environnement. Ensemble, ils ont observé pour la première fois des plantes qui, tout en réduisant le risque d’érosion et donc de transport de particules polluantes, peuvent atténuer le transfert de polluants dans les eaux souterraines. Le BRGM a récemment publié des extraits du Carnet de terrain publié dans la revue Géoscience n°25 du Bureau « L’anthropocène, quand l’Homme imprime sa marque ».
Le 14 septembre 2017, l’équipe de recherches se trouvait sur une ancienne mine d’argent et de plomb près du Puy de Dôme (63). Ce site a fermé en 1947, laissant une importante quantité de déchets qui ne ressemblent qu’à du sable blond. Les scientifiques allaient tester pour la première fois une méthode « originale » de stabilisation de la pollution et établir un modèle pouvant être appliqué dans des sites semblables. « La technique consiste à utiliser des plantes pour stabiliser la pollution des dépôts minier et éviter qu’elle se dissémine ailleurs. L’idée est de faire pousser des plantes sur les stériles : avec leurs racines, elles limitent l’érosion, évitant que les poussières polluées ne se disséminent dans les airs, soient inhalées par des promeneurs ou emportées par le ruissellement de l’eau de pluie », explique Mme Battaglia-Brunet dans le carnet de terrain. Un mois plus tard, l’équipe commençait ses analyses dans la halle du BRGM, dans les laboratoires PRIME et PLATINN.
Le 16 août 2018, les chercheurs démarrent l’essai de phytostabilisation. Ils prélèvent une couche de résidu sur laquelle ils sèment des graines d’agrostis – plante souvent utilisée comme fourragère dans les prairies et pâturages. Début novembre, les agrostis ont bien poussé. Le 10 juillet de l’année suivante, l’équipe arrête l’expérience, presque un an après que les agrostis ont été semées. « nous prélevons soigneusement les plantes, le résidu de surface, et nous observons la zone du sol qui est colonisée par les racines, explique Fabienne Battaglia-Brunet. Celles-ci se sont très bien développées et ont commencé à envahir la couche de résidu située au-dessous de la surface amendée. Nous allons analyser et observer toutes les composantes du système : les résidus, les plantes, les micro-organismes. »
Les scientifiques ont constaté que les agrostis permettaient d’une part de réduire le risque d’érosion et donc de transport de particules polluantes et d’autre part qu’elles peuvent également atténuer le transfert de polluants dans l’eau souterraine. Un an après, ils continuent d’analyser des échantillons et à exploiter des résultats qu’ils espèrent publier.