Une nouvelle étude publiée dans la revue One Health met en avant les risques sanitaires liés à la vente de produits issus de la faune sauvage sur les marchés de dépouilles en Afrique de l’Ouest. Des produits chimiques sont régulièrement utilisés, mettant en péril l’environnement et la santé des hommes.
Il existe en Afrique de l’Ouest un réseau commercial lié à la vente de la faune sauvage pour l’utilisation traditionnelle (médicale et religieuse). Il s’agit des marchés de dépouilles qui, contrairement à ceux de la viande de brousse, représentent un assemblage d’animaux parfois vivants, de crânes et de corps ou parties de corps séchés ainsi que des végétaux et des sculptures en bois. Une étude associant des chercheurs du laboratoire Evolution et Diversité Biologique et du Laboratoire d’Ecologie Appliquée a analysé 40 marchés de dépouilles. Les chercheurs ont aussi récoltés des informations auprès de 45 praticiens opérant sur six marchés concernant les pratiques liées à la conservation des animaux vendus.
Les résultats publiés dans la revue One Health, révèlent un changement récent des protocoles de conservation des animaux sur les marchés de dépouilles, qui pourrait impliquer un risque sanitaire élevé pour les vendeurs opérant sur les marchés et les consommateurs des produits animaux. Les praticiens utilisent des techniques de fixation des tissus qu’ils disent être inoffensives pour l’environnement et l’humain. Les chercheurs expliquent que ces techniques consistent à utiliser le soleil, la cendre, le sable de mer ou la poudre des spadices de palmier, afin de sécher et dégraisser l’animal qui sera vendu. Cependant, de nouveaux produits semblent être incorporés – et ce, depuis une cinquante d’année – à la recette, notamment le kérosène. Dans 80 % des cas, il est utilisé en combinaison avec le sel pour à la fois fixer l’animal et le préserver des attaques d’arthropodes.
L’étude dévoile que le « Sniper », l’insecticide organophosphoré à base de Dichlorvos interdit au sein de l’Union européenne est mentionné par 71 % des praticiens comme un produit régulièrement utilisé depuis une dizaine d’années. Le Dichlorvos représente une menace sérieuse pour les humains régulièrement en contact avec la molécule. Les auteurs s’inquiètent alors des risques sanitaires liés aux pratiques de conservation des animaux vendus sur les marchés de dépouilles. Des « risques qui pourraient s’étendre aux grands marchés urbains qui abritent très souvent ces marchés de dépouilles, comme celui de Dantokpa (Cotonou) pouvant drainer jusqu’à 1,5 million de clients par jour », indique le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS).