Les autorités chinoises ont annoncé de nouvelles mesures de lutte contre le commerce illégal d’espèces, rapporte TRAFFIC dans un communiqué. Un nouveau rapport de l’ONG décrit l’ampleur du trafic d’animaux sauvages en Asie du Sud-Est et demande un nouveau plan de lutte.
Une interdiction sans précédent de la consommation d’animaux sauvages vient d’être prononcée par le gouvernement chinois, entre autres mesures pour lutter contre le trafic d’espèces, afin de réduire les risques pour la santé publique des virus infectieux générés en association avec ce type de commerce, dans un contexte de pandémie du coronavirus Covid-19, trouvant sa source dans un marché d’animaux sauvages de la ville chinoise de Wuhan. Dès le 26 janvier 2020, les autorités chinoises avaient interdit temporairement tout commerce d’animaux sauvages dans le pays. Une annonce faite le lundi 24 février, par l’agence de presse d’Etat Xinhua, renforce cette décision avec plusieurs mesures spécifiques : [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
- Une interdiction de la consommation comme nourriture de tous les animaux terrestres sauvages ou provenant d’élevages en captivité.
- Une application plus stricte de la loi chinoise sur la protection des animaux sauvages interdisant la chasse, la capture, le commerce, le transport et la consommation d’animaux sauvages.
- Définir précisément les animaux considérés comme du bétail et de la volaille.
- Définir les circonstances particulières dans lesquelles les animaux sauvages peuvent être utilisés à des fins autres que la consommation alimentaire, comme la recherche scientifique et l’utilisation médicale.
- Faire des campagnes de sensibilisation à la protection de l’environnement et à la santé publique.
- Engagements à mettre en œuvre les nouvelles mesures, avec une aide appropriée aux producteurs concernés par les nouvelles mesures.
« TRAFFIC estime qu’il est essentiel de réglementer les marchés des espèces sauvages pour lutter contre les maladies et que les efforts visant à réduire le commerce illégal et/ou non durable des produits dérivés des espèces sauvages devraient être une priorité pour la communauté mondiale« , écrit l’ONG, qui a co-signé dernièrement des lettres ouvertes demandant aux autorités du Viêt Nam et de Hong Kong de prendre également des mesures strictes contre les marchés illégaux d’animaux sauvages.
L’Association a par ailleurs publié, le 20 février, un nouveau rapport intitulé « Asie du Sud-Est : Au cœur du commerce des espèces sauvages« , qui évalue le trafic et le commerce illégal d’animaux sauvages depuis le début du siècle. Les chiffres, fondés sur des saisies, ne représentent qu’une fraction de l’ampleur réelle du commerce illégal, avertit TRAFFIC. Ils sont toutefois vertigineux :
- Saisies de 225 tonnes d’ivoire d’éléphant d’Afrique impliquant le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Viêt Nam sur la période 2008-2019 ;
- Le trafic d’environ 895 000 pangolins dans le monde de 2000 à 2019, tandis que plus de 96 tonnes d’écailles de pangolin, principalement d’espèces africaines, ont été saisis de 2017 à 2019 en Malaisie, à Singapour et au Viêt Nam ;
- La saisie de 100 000 tortues à nez de cochon en Indonésie de 2003 à 2019 ;
- Plus de 45 000 oiseaux chanteurs saisis à Sumatra et à Java seulement, entre 2018 et 2019 ;
- Plus de 6 000 tortues étoilées d’Inde saisies au cours de 10 incidents seulement en 2017, toutes se dirigeant vers la Malaisie, la Thaïlande ou Singapour ;
- L’équivalent de plus de 3 800 ours malais saisis en Asie, impliquant presque tous les pays d’Asie du Sud-Est, entre 2000 et 2016.
Le rapport met en évidence les principaux problèmes de la région qui continuent de permettre au commerce illégal de prospérer, notamment l’existence de réseaux criminels organisés, les faibles taux de condamnation, les lois inadéquates et la mauvaise réglementation des marchés. « La cybercriminalité liée aux espèces sauvages, ainsi que les défis qui ont persisté au fil du temps, tels que la corruption omniprésente, le manque de volonté politique et la demande continue des consommateurs pour les espèces sauvages« , permettent au commerce illégal de continuer, note TRAFFIC.
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