Une nouvelle étude estime à au moins 4,1 millions de petits cétacés, notamment les dauphins, tués dans l’océan Indien en 70 ans à cause des filets maillant dérivant.
Depuis la généralisation de la pêche au filet maillant dérivant, dans les années 1980, la capture accidentelle des dauphins et autres cétacés dans ces filets est devenue un des facteurs de mortalité les plus importants pour ces espèces. Les dauphins, tout particulièrement, s’empêtrent dans les filets maillant utilisés pour la pêche au thon, et les pêcheurs leur coupent alors les nageoires pour les dépêtrer et éviter qu’ils abîment les mailles.
Une nouvelle étude estime que jusqu’à 4,1 millions de petits cétacés ont probablement été tués dans l’océan Indien à cause de ces filets maillant entre 1950 et 2018. Les chercheurs estiment que l’abondance des petits cétacés dans l’océan Indien pourrait maintenant se situer autour de 13 % des niveaux d’avant la pêche. Ils ont combiné les résultats publiés de 10 enquêtes sur les prises accessoires des pêcheurs réalisées entre 1981 et 2016 au Sri Lanka, en Inde, au Pakistan et en Australie pour estimer les taux de prises accessoires de cétacés dans l’ensemble de l’océan Indien. Ils ont ensuite extrapolé ces données à d’autres nations de l’Océan indien pratiquant la pêche commerciale au thon. Les données de 2012 à 2016 placent le Sri Lanka en quatrième position sur 24 pays de l’océan Indien en termes de mortalité des cétacés causée par les filets maillant, derrière l’Iran, l’Indonésie et l’Inde, selon l’étude.
Mais le taux de mortalité des petits cétacés pourrait être beaucoup plus élevé car les études ne tiennent pas compte des cétacés qui ont été capturés par les filets puis rejetés à la mer, ceux utilisés comme appâts et non débarqués, ou encore ceux qui ont échappé à la capture mais sont morts par la suite. Par ailleurs les filets maillant abandonnés en mer agissent également comme des filets fantômes et peuvent tuer des dizaines de dauphins. Dans les eaux sri-lankaises, l’espèce la plus menacée par la pêche est le dauphin à long bec (Stenella longirostris), qui représente plus de 50 % du total des prises de cétacés enregistrées par les filets maillant.
Dans le passé, les filets à poissons étaient tissés avec du fil de coton qui permettait aux dauphins de s’échapper. Mais ils ont été remplacés par des filets en nylon synthétique plus solides dans les années 1950, dont les cétacés ne peuvent s’échapper. En réponse au problème de la capture accidentelle des cétacés, le ministère des pêches et des ressources aquatiques du Sri-Lanka a lancé un programme d’éducation et de sensibilisation ciblant les pêcheurs au filet maillant dans le sud du pays. Le programme encourage les pêcheurs à filmer et à photographier la remise à l’eau vivante des espèces non ciblées prises dans leurs filets. Ils peuvent ensuite soumettre cette documentation en échange de récompenses.