Une enquête du New-York Times jette un doute sur la détermination de la Chine à tenir son engagement.
La Chine a été félicitée pour avoir suspendu le commerce d’animaux sauvages, mais cette décision a privé de ressources des millions de travailleurs de ce secteur économique florissant. Leur sort, ainsi que les lacunes importantes dans les restrictions du gouvernement, menacent de saper la promesse de la Chine d’imposer une interdiction permanente. L’assemblée législative chinoise, l’Assemblée populaire nationale, a ajourné sa session annuelle à la fin du mois dernier sans adopter de nouvelles lois qui mettraient fin au commerce. Au lieu de cela, le congrès a émis une directive pour étudier l’application des règles actuelles lors de l’élaboration de la législation, un processus qui pourrait prendre un an ou plus. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Ce retard fait craindre que la Chine ne répète l’expérience de l’épidémie de SRAS en 2003, lorsque le pays avait interdit la vente d’un animal lié à l’épidémie, la civette palmiste hermaphrodite… pour laisser tranquillement le décret expirer quelques mois plus tard, après le pic de la crise.
En prenant des mesures pour restreindre le commerce des espèces sauvages, le gouvernement chinois se heurte à des traditions culturelles et culinaires profondément enracinées, vantant notamment les bienfaits médicinaux de l’ingestion d’animaux comme les ours, les tigres et les rhinocéros.
Bien que les directives de la direction du parti communiste soient rarement contestées ouvertement, une interdiction permanente suscite l’opposition de puissants groupes d’intérêt… Certaines villes sont allées de l’avant avec l’interdiction de la chasse et de la vente de gibier sauvage, dont Pékin la semaine dernière. Wuhan a également annoncé une interdiction de cinq ans. Mais dans les régions rurales, les fonctionnaires font pression pour obtenir des dérogations, en partie pour atteindre l’objectif fixé par le leader chinois Xi Jinping d’éradiquer l’extrême pauvreté avant la fin de l’année. « Il est décevant que la Chine ait perdu cette rare occasion de prendre l’initiative et de donner un grand exemple au monde en adoptant une législation progressiste pour prévenir de futures pandémies »,a déclaré Pei Su, qui dirige ACTAsia, une organisation internationale de défense des droits des animaux, dans des propos rapportés par le quotidien new-yorkais. Le gouvernement a déjà fait des exceptions pour l’utilisation d’animaux sauvages pour la fourrure et la médecine traditionnelle chinoise, que les autorités du Parti communiste ont activement encouragées, notamment l’utilisation de la bile d’ours comme traitement pour le Covid-19. Ces exemptions ont créé des failles qui pourraient alimenter un commerce illicite de viande de gibier. Il y en a une pour les pangolins, un animal menacé qui a été identifié comme un porteur possible du coronavirus. Sa viande – que certains considèrent comme une source de virilité – se négocie au marché noir, mais il est légal d’acheter des médicaments fabriqués à partir de ses écailles.
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