A Brest, on déménage les escargots pour faire passer le tram

István Mihály de Pixabay

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István Mihály de Pixabay
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Espèce protégée et bête noire des promoteurs immobiliers, l’escargot de Quimper n’empêchera pas la construction d’une deuxième ligne de tramway à Brest: la ville a sorti les grands moyens, en décidant de les déménager un par un.

 Lampes frontales sur la tête, deux écologues ont scruté mercredi soir chaque m2 de végétation, cueillant délicatement chaque coquille, au pied des falaises du vallon du Moulin à Poudre, à Brest, où un nouveau pont doit être construit pour faire passer le tramway.   « J’en ai un petit! », a lancé Oriane Josserand, après quelques minutes de recherches.  Présent dans l’ouest de la Bretagne et sur la côte nord de l’Espagne, l’escargot de Quimper est connu pour avoir fait capoter, en 2012, un projet de centre de formation du Stade Brestois, sur une zone naturelle de Plougastel-Daoulas (Finistère), où il avait élu domicile.  Espèce patrimoniale, à la coquille délicatement enroulée, ce petit gastéropode est depuis devenu la bête noire des promoteurs et aménageurs bretons. Sa présence avait notamment été invoquée pour tenter de stopper la construction de la centrale au gaz de Landivisiau (Finistère) par TotalEnergies.  Pour la construction de sa deuxième ligne de tramway, la métropole de Brest a envisagé différents tracés. « Mais il n’était pas possible d’éviter l’ensemble des habitats de l’escargot de Quimper », a expliqué à l’AFP Caroline François-Even, responsable de l’agence Biotope, bureau chargé des études environnementales.  Pour obtenir les autorisations environnementales nécessaires à la poursuite du projet, Brest métropole a donc proposé de déplacer un maximum d’escargots en dehors de la zone de chantier, lors de quatre soirées humides de novembre, juste avant que le gastéropode n’entre en hibernation.  La semaine dernière, 92 escargots et deux salamandres tachetées (une autre espèce protégée) ont ainsi été déménagés sur une nouvelle zone d’habitat, à proximité immédiate, lors d’une première soirée de collecte.  « En protégeant l’escargot, on protège aussi son habitat et un ensemble d’espèces vivant dans cet habitat », a expliqué Timothée Sherer, chef de projet écologue chez Biotope.  Une bâche a été installée pour éviter le retour d’escargots sur le chantier.  Contactée par l’AFP, l’association de défense de l’environnement Bretagne Vivante a reconnu les « efforts » de la métropole pour « régler le problème de manière douce », selon les mots de Jean-Noël Ballot, un de ses administrateurs.  Orchidées, mésanges, tritons, chauve-souris… Au total, 75 espèces protégées (végétales ou animales), répertoriées sur le tracé du projet, seront suivies tout au long du chantier.