Comme pour les tigres des jungles de l’Inde et du Népal, les défenseurs de la faune sauvage multiplient les recours à l’intelligence artificielle (IA) pour améliorer sa préservation aux quatre coins du monde.
Des experts de l’université de Clemson, aux Etats-Unis, et plusieurs ONG ont publié le mois dernier une étude sur l’utilisation de caméras dotées d’intelligence artificielle qui, selon eux, pourraient contribuer à révolutionner la conservation des tigres dans les deux pays d’Asie du Sud. Le rôle de ces minuscules appareils: à la fois protéger les villageois des prédateurs et les prédateurs des braconniers. Selon leurs recherches, publiées dans la revue BioScience, le système de caméras, appelé TrailGuard, peut distinguer les tigres des autres espèces et transmettre les images aux gardes forestiers ou aux villageois en quelques secondes. « Nous devons trouver des moyens de faire coexister les hommes, les tigres et les autres espèces sauvages », explique Eric Dinerstein, l’un des auteurs du rapport, à l’AFP. Les chercheurs affirment que les caméras ont été immédiatement efficaces, repérant un tigre à 300 mètres d’un village et, à une autre occasion, identifiant une équipe de braconniers. Ce système intelligent de surveillance revendique aussi d’avoir presque éliminé les fausses alertes, lorsque les pièges sont déclenchés par des sangliers ou des feuilles qui tombent. Le nombre de tigres en Inde est tombé à un niveau historiquement bas de 1.411 en 2006, avant d’augmenter régulièrement pour atteindre les niveaux actuels d’environ 3.500. Toutefois, on estime que le territoire en abritait 40.000 au milieu du XXe siècle.
Éléphants et bûcherons d’Amazonie
Ce projet est l’un des nombreux à mettre l’IA au service de la surveillance de la faune et de la flore sauvages. En Amazonie, des équipes pilotent un équipement capable de détecter les bruits des tronçonneuses, des tracteurs et d’autres machines associées à la déforestation. Au Gabon, des chercheurs testent un système d’alerte pour les éléphants. En Inde aussi, « les éléphants se promènent sans cesse en dehors des parcs, ce qui entraîne de nombreux conflits », poursuit Eric Dinerstein. Ils détruisent les récoltes, sèment le chaos dans les villages et peuvent même provoquer des accidents de train, avec des dizaines de morts chaque année, complète-t-il. « Il y a là une immense opportunité d’empêcher cela ». Depuis quatre ans, le géant américain de la technologie Google s’est aussi associé à des ONG autour du projet Wildlife Insights, afin d’automatiser le processus d’identification des espèces et d’étiquetage des images, ce qui permet aux chercheurs d’économiser de nombreuses heures de travail laborieux. A l’instar de l’équipe technique de l’ONG Resolve, dont l’objectif est de faire en sorte que 30% des terres et des océans de la planète soient désignés comme zones protégées d’ici à 2030, comme l’ont décidé des dizaines de gouvernements l’année dernière. « Dans la plupart des cas, l’identification des espèces par l’IA n’en est qu’à ses débuts », estime Jonathan Palmer, responsable des technologies de conservation à la Wildlife Conservation Society (WCS), basée aux États-Unis, qui a participé à la création de Wildlife Insights avec Google.