Une étude internationale, publiée dans la revue Nature et coordonnée par des chercheurs de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) et du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) révèle la composition des forêts tropicales d’Afrique centrale et leur vulnérabilité à l’augmentation des pressions climatiques et humaines à venir.
Les forêts tropicales d’Afrique centrale constituent la deuxième plus grande zone de forêt pluviale continue au monde après la forêt Amazonienne. S’étendant sur cinq pays – Cameroun, Gabon, République du Congo, République démocratique du Congo et République Centrafricaine – elles stockent plus de carbone par hectare que l’Amazonie et présentent en moyenne une densité de grands arbres plus élevée que n’importe quel autre continent. Ce réservoir majeur de la biodiversité fournit de nombreux services écosystémiques comme la régulation des cycles d’échanges entre la terre et l’atmosphère et contribue à garantir la sécurité alimentaire des populations locales. Cependant, les activités humaines et notamment l’exploitation forestière ainsi que la chasse excessive, facilitée par un réseau routier en expansion, constituent une menace de plus en plus importante pour ces forêts tropicales d’Afrique centrale.
Afin d’améliorer les connaissances sur ces écosystèmes, des chercheurs de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) et du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) ont mené une étude révélant la composition des forêts tropicales centre-africaines et leur vulnérabilité à l’augmentation des pressions climatiques et humaines attendues dans les prochaines décennies. Les travaux publiés dans la revue Nature rassemblent un jeu de données de 6 millions d’arbres dans plus de 185 000 parcelles de terrain. Les chercheurs ont d’abord modélisé et cartographié les compositions floristiques et fonctionnelles (traits physiques, biochimiques ou comportementaux) des forêts d’Afrique centrale puis en ont déduit leur vulnérabilité, en tenant compte des différents scénarios climatiques envisageables.
Ils ont remarqué que certaines zones pouvaient être plus sensibles aux changements globaux que d’autres. Par exemple, comme l’explique le Pr. Bonaventure Sonké, botaniste à l’Université de Yaoundé 1 et co-auteur de l’étude, « les marges forestières du Nord et du Sud de la région, les forêts atlantiques et la plupart de celles de la République Démocratique du Congo, pays qui englobe plus de la moitié des forêts d’Afrique centrale, comptent parmi les plus vulnérables ». Les cartes et données utilisées pour l’étude fournissent des informations utiles pour les scientifiques sur le fonctionnement des forêts, leurs dynamiques et leur potentiel de stockage de carbone. Elles sont disponibles en ligne sur l’entrepôt de données de Cirad.