Pour sauver les insectes, éteignez les lumières !

Photo d'illustration ©Photocurry de Pixabay.

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Plusieurs études montrent que la lumière artificielle dans les villes a un impact considérable sur la diminution des populations d’insectes et proposent des solutions simples pour contrer cette menace.

Le nombre d’insectes ayant chuté de 80 % à certains endroits et 40 % des espèces étant menacées d’extinction selon certaines estimations, certains chercheurs parlent de « l’apocalypse des insectes ». De nombreux scientifiques estiment que la lumière artificielle est l’un des moteurs de ce déclin. Un article publié par la revue Science explique que les insectes éprouvent une attirance fatale pour ce que les chercheurs appellent ALAN (artificial light at night) : la lumière artificielle de la nuit. Des études du monde entier révèlent des effets inquiétants sur l’accouplement et l’abondance des insectes. Certains chercheurs pensent que les nuits plus claires peuvent être un facteur du déclin des insectes récemment constaté.

Les scientifiques mettent en avant des solutions simples pour lutter contre les liaisons dangereuses entre les insectes et l’ALAN. Par exemple pour les éphémères (groupe d’insectes), les ponts éclairés par une lumière artificielle peuvent attirer les adultes nouvellement émergés loin de l’eau pour une mort avant la reproduction. D’autres sont trompés par l’éclat de la chaussée réfléchissante et déposent leurs œufs sur la route du pont plutôt que dans l’eau. Or, le simple fait d’installer des lumières vives en bas des ponts permettrait de garder les éphémères (ordre d’insectes) près de l’eau.

De nombreux insectes et autres animaux sont attirés par la lumière, car ils dépendent de la Lune ou du Soleil pour leur navigation. Seulement la lumière nocturne augmente de 40 % par an explique Franz Hölker, chercheur ALAN à l’Université libre de Berlin, qui a calculé cette estimation à l’aide de données satellitaires, énergétiques et autres. Les villes utilisent davantage de diodes électroluminescentes, dont la lumière bleue est plus brillante que la lueur jaune des lampadaires à vapeur de sodium. Les nuits sans lune, la lueur artificielle du ciel dépasse désormais la lumière combinée des étoiles et d’autres sources naturelles sur 22 % de la surface totale du globe, et les points chauds de la biodiversité sont touchés de manière disproportionnée.

Le journal Science rapporte également dans son article qu’aux Pays-Bas, un consortium d’universités, d’organisations à but non-lucratif, d’entreprises et de gouvernements explore les effets de la lumière sur les écosystèmes locaux. Il a mis en place des expériences à long terme dans sept ensembles de parcelles situées dans des zones sombres. Les chercheurs ont éclairé certaines parcelles avec des lumières de différentes couleurs et ont suivi les communautés de chauves-souris et d’insectes. Entre 2012 et 2016, le nombre de papillons de nuit est resté stable dans les parcelles sombres, mais a diminué de 14 % dans les zones éclairées, expliquent des chercheurs au journal Science.

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