L’industrie de l’huile de palme serait plus rentable si elle se convertissait à l’agroécologie

Photo d'illustration ©tristantan de Pixabay

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Une étude brésilienne affirme qu’un système agroforestier écologique de palmiers à huile donnerait un rendement plus intéressant que les monocultures actuellement privilégiées.

Partout dans le monde où l’on retrouve des plantations de palmiers à huile, il s’agit de gigantesques monocultures qui s’étendent sur des hectares de terrain préalablement défrichés. Connues pour être un gros facteur de déforestation, les cultures de palmiers à huile polluent également l’eau en raison de l’utilisation de produits chimiques lourds à des fins – supposées -de meilleure production. Toutefois, d’après les recherches d’Andrew Miccolis, un chercheur de la région de Pará au Brésil, il est tout à fait possible d’avoir une production de palmiers à huile rentable en utilisant un système plus écologique tel que l’agroforesterie.

L’agroforesterie est un mode d’exploitation des terres agricoles qui consiste à associer différentes essences d’arbres et arbustes. Cela permettrait entre autres d’accroître la productivité globale des terres et d’améliorer la qualité des sols. Andrew Miccolis fait partie d’un groupe qui étudie l’incorporation du palmier à huile dans les systèmes agroforestiers, où des cultures pérennes ligneuses et annuelles sont cultivées ensemble de sorte que les différentes plantes s’enrichissent mutuellement tout en fournissant un habitat à la faune, en renforçant les sols et les nappes phréatiques et en piégeant le carbone. Un projet de recherche conjoint (« SAF Dendê« )a été lancé dans la région de Pará en 2008 pour tester la faisabilité des systèmes agroforestiers de palmiers à huile sur trois sites de démonstration.

Dans une interview donnée au site d’informations Mongabay, Andrew Miccolis fait part des premiers résultats de ses recherches. Il explique qu’en utilisant un système agroforestier écologique mêlant des plantations de palmier à huile à des cultures d’açaí, de fruits de la passion et des arbres à bois comme l’acajou, les rendements étaient plus élevés qu’avec la monoculture. L’agroforesterie a été testée sur 18 fermes. Au total, 180 kg de grappes de fruits frais des palmiers à huile ont été récoltés par arbre, contre 139 kg par arbre pour les monocultures. Avec ce système, les agriculteurs bénéficient non seulement de récoltes plus importantes, mais également d’une plus grande résilience face aux variations du prix de l’huile de palme et peuvent réaliser des bénéfices compétitifs sans utiliser de produits chimiques toxiques et coûteux. « Nous pensons qu’il existe un grand potentiel pour l’agroforesterie du palmier à huile au Brésil et dans le monde, car elle offre clairement des options pour améliorer les services écosystémiques tout en réduisant les risques pour les agriculteurs, en renforçant les moyens de subsistance et en atténuant les effets du changement climatique », a indiqué Miccolis à Mongabay.

Le chercheur précise également que le système agroforestier permet d’abriter une biodiversité riche : « Les travailleurs de terrain et les chercheurs ont repéré une grande variété de faune indigène dans les agroforêts de palmiers à huile, notamment des cerfs, des singes, des paresseux, des porcs-épics, des tapirs et de nombreux types d’oiseaux, de reptiles et d’insectes, ce qui indique des systèmes écologiquement équilibrés. Des échantillons de sol ont également révélé des propriétés très riches et un potentiel très élevé de séquestration du carbone, bien supérieur à celui des systèmes conventionnels de monoculture et semblable à celui des forêts secondaires. »

Le projet SAF Dendê