Plus de 370 000 déchets plastiques du monde entier s’entassent sur Aldabra, aux Seychelles. Cet atoll situé à l’Ouest de l’océan indien est l’un des coins les plus reculés de la planète. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, une étude y relève les dégâts plastiques causé par l’activité humaine.
Aldabra est le deuxième plus grand Atoll du monde. Peuplé uniquement d’espèces de faune et flore sauvages, rares et menacées, il abrite les dernières tortues géantes de l’océan indien et des espèces d’oiseaux incapables de voler. Dans une étude publiée dans le journal Scientific Reports, des chercheurs ont évalué le nombre de déchets plastique échoués sur l’atoll. Selon eux, plus de 80% du poids des déchets retrouvés proviendrait des bateaux de pêche. Ils estiment que la récolte des déchets plastique polluant Aldabra pourrait s’élever à 7,3 millions de dollars. Un coût bien trop important pour une si petite portion de l’État insulaire des Seychelles.
Lors d’une campagne de nettoyage sur l’atoll d’Aldabra en 2019, des bénévoles ont retiré plus de 60 000 tongs en plastique. L’étude estime à plus de 370 000 le nombre de déchets encore présents. Sur l’ensemble des îles des Seychelles, Aldabra serait celle qui compte le plus de déchets plastique par mètre carré. La campagne a permis de récolter 25 tonnes de déchets. Il resterait encore 500 tonnes à ramasser. Outre les sandales en plastique, les bénévoles ont également ramassé une grande quantité de matériel de pêche (filets, bouées, dispositifs de concentration de poissons). Les chercheurs ont calculé le volume total de déchets sur l’île et ont relevé que le secteur de la pêche était le principal responsable de la pollution plastique sur l’atoll avec 83% du poids total des déchets.
En 2019, les Seychelles ont signé l’annexe V de la Convention internationale pour la prévention de la pollution marine par les navires (MARPOL). Cette annexe interdit le déversement de déchets par les bateaux de pêche. Avant cela, aucune réglementation n’empêchait les navires d’évacuer ses déchets dans les eaux des Seychelles.
Entre Lagon d’eau bleu clair, récifs coralliens et océan, il est difficile d’imaginer que la riche biodiversité de l’Atoll est en danger. Il abrite le seul oiseau de l’océan Indien incapable de voler, le râle de Cuvier. Une des deux populations de flamants roses océaniques de la planète y vit aussi, ainsi que des tortues géantes, les dernières de l’océan Indien. Dans leur étude, les scientifiques ont également documenté la présente d’oiseaux tel que l’Ibis Malgache. Ils ont observé cette espèce en train de se battre avec des bouchons ou capsules de bouteilles.
Aldabra représente un site de nidification important pour les tortues vertes, une espèce menacée. Les chercheurs se sont aperçus que les tas de déchets plastique pouvaient être un obstacle presque insurmontable pour certaines tortues femelles sur leur chemin de l’océan à la plage. Les bébés tortues peuvent aussi s’empêtrer dans ces monticules de débris alors qu’ils cherchent à rejoindre la mer.
Les chercheurs appellent à fournir des efforts importants dans la lutte contre la pollution plastique en mettant en place la collecte régulière de déchets, en particulier dans les petits États comme les Seychelles. L’État insulaire ne dispose d’aucune installation de recyclage et doit envoyer ses déchets dans des décharges, une démarche contraignante et onéreuse.