Une étude publiée par Science Advances montre que les prédations de castors par les loups expliqueraient comment ces prédateurs façonnent de vastes zones humides.
Les loups de Cranberry Bay dans le Yellowstone park s’attaquent aux castors. Cette année, 36 de ces rongeurs ont été dévorés soit l’équivalent de 7 colonies. Une étude, publiée dans Science Advances explique que de telles prédations auraient un impact considérable sur l’écosystème : les loups façonneraient les vastes zones humides en influençant l’endroit où les castors vivent et construisent des barrages.
Le rôle des loups et autres prédateurs dans la formation des écosystèmes est un sujet qui a déjà soulevé pas mal de questions. Dans le parc national de Yellowstone, des années de travail sur le terrain ont suggéré que les loups, introduits en 1995, ont contribué à la diminution des populations de Wapitis. Entre 2015 et 2019, les biologistes ont attaché des colliers satellites à 32 loups et ont surveillé leurs mouvements dans le cadre du projet « Voyageurs Wolf ». Les experts ont remarqué que lorsqu’un loup s’attardait à un endroit en particulier, c’est parce qu’il avait tué. Il a été observé qu’il s’agissait souvent de castors. Après une analyse, ils ont noté que les loups n’avaient pas eu d’impact majeur sur les populations de castors mais qu’ils avaient eu une influence sur le lieu où vivaient leurs proies.
Les chercheurs ont appris que les loups mangeaient souvent les castors « dispersés« , c’est-à-dire les nomades qui ont quitté leur lieu de vie pour coloniser de nouvelles régions. Ces castors sont particulièrement vulnérables car ils doivent s’aventurer sur la terre pour récolter des branches qui serviront à construire leur barrage. Une fois le castor dévoré par les loups, les chercheurs ont vu que les étangs restaient inoccupés pour le reste de l’année. Aucun castor n’a donc pu contribuer à la construction des étangs par les barrages. Les scientifiques ont alors découvert que les prédateurs empêchent les forêts de se transformer en étangs et en zones humides, ce qui entraîne des changements environnementaux importants.
Les chercheurs ne peuvent pas affirmer que le nombre total d’étangs nouvellement crées et recolonisés a été modifié, cependant ils pensent que les loups modifient la répartition spatiale des étangs au fil du temps. Chaque année, les loups modifieraient environ 88 étangs de la région. Selon l’étude, les impacts de ces prédations s’additionnent avec le temps. Sur une dizaine d’années les meutes de loups affecteraient un étang pour chaque 2,1 km2 de terre.