Plus d’une centaine de paysans ont manifesté pour défendre l’élevage de plein air, mardi, devant le tribunal de Pau, où une salariée d’un syndicat agricole était jugée pour outrage lors d’une action contre la gestion de la grippe aviaire.
Elle comparaissait pour avoir qualifié de « bourreau » une responsable de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) – notamment chargée de faire exécuter les décisions d’abattage préventif pendant les épizooties de grippe aviaire -, lors d’une occupation des locaux palois de cette administration en juin 2023 par plusieurs dizaines de militants de la Confédération paysanne et de son pendant basque, l’ELB.
Le parquet a requis 300 euros d’amende, dont 100 avec sursis contre la salariée. La décision sera rendue le 17 décembre.
Au pied des marches du palais de justice de Pau, dès la fin de la matinée, des banderoles étendues entre deux tracteurs affichaient des messages tels que « Elevage plein air, on ne se laisse pas abattre ».
Les agriculteurs ont pointé la « menace » qui plane sur leurs exploitations, trois jours après le relèvement du niveau de risque lié à la grippe aviaire, de modéré à élevé, avec obligation de mise à l’abri des élevages afin d’éviter leur contamination.
Jeudi, un nouveau foyer de grippe aviaire a été confirmé dans les Landes, dans un élevage dont les animaux avaient pourtant été vaccinés.
Les manifestants ont dénoncé l' »acharnement » de l’administration contre le modèle de l’élevage en plein air, avec ces confinements et abattages préventifs en cas de flambées de cas.
« On a l’impression qu’on veut nous écraser, nous écœurer et nous faire disparaître petit à petit », a commenté Julen Perez, éleveur de canards au Pays basque et syndicaliste.
La Confédération paysanne juge que les règles administratives « sont organisées pour un modèle industriel qui ne remet pas en cause ses pratiques », alors que le modèle de l’élevage de plein air, avec des concentrations moindres de volailles et des transports limités, limiterait le risque de contagion. « Si les chiffres de volailles touchées explosent, c’est parce qu’on a des dizaines de milliers de volailles concentrées dans des grosses fermes », affirme ainsi Etienne Breton, porte-parole local du syndicat paysan.
Jusqu’en mai 2025, plus de 140 exploitations avicoles et porcines participent à une expérimentation décidée par le ministère de l’Agriculture afin d’identifier « des mesures alternatives et efficaces qui pourraient conduire à une évolution de la réglementation » pour les élevages en plein air de taille modeste.


