L’Albanie protège son fleuve sauvage qui devient parc national

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La Vjosa, l’un des derniers fleuves sauvages d’Europe, a obtenu mercredi du gouvernement albanais le statut de « parc national », premier du genre sur le continent, qui le protègera des barrages hydroélectriques.

Après une longue campagne d’ONG nationales et internationales, qui ont obtenu le soutien de célébrités comme Leonardo DiCaprio, le majestueux cours d’eau et ses affluents obtient ainsi un statut qui lui offre le « plus haut niveau de protection » possible, selon les défenseurs de l’environnement.   La Vjosa prend sa source en Grèce et coule de méandres en lacets jusqu’à la mer Adriatique, en traversant l’Albanie, d’Est en Ouest, sur quelque 200 kilomètres, sans que son cours ne soit dompté par les infrastructures.  Le fleuve est prisé pour sa beauté et sa biodiversité inestimables.   « C’est un moment charnière pour toute la zone, l’avenir des communautés proches, pour le pays tout entier », a déclaré à l’AFP le Premier ministre albanais Edi Rama lors d’une cérémonie à Tepelenë.  Selon les ONG EuroNatur, Riverwatch, EcoAlbania et MedINA, le fleuve était menacé par de nombreux projets hydroélectriques tel que ceux qui abondent en Albanie comme dans le reste des Balkans.  Les riverains craignaient de voir leurs terres noyées et la biodiversité laminée. La Vjosa est encore largement inexplorée mais les experts y ont recensé quelque 1.200 espèces, dont une quarantaine figurent sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN comme l’anguille européenne, la loutre ou le vautour égyptien.  « Il est grand temps de tirer les leçons des erreurs des autres pays et de prévenir le tourisme de masse en privilégiant l’écotourisme, l’agrotourisme et le tourisme culturel, la qualité plutôt que la quantité, les valeurs plutôt que les volumes », a expliqué à l’AFP la ministre albanaise du Tourisme et de l’Environnement Mirela Kumbaro.  Initialement, le gouvernement albanais voulait accorder au fleuve un niveau de protection inférieur. Mais après des années de campagne, Tirana a fini par entendre les arguments des écologistes et octroyer au fleuve un label qui interdit la construction d’ouvrages hydroélectriques.  Les défenseurs de l’environnement appellent désormais Athènes à agir pour protéger le tracé grec du fleuve.  « C’est la première fois que tout un système fluvial est protégé, pas seulement une section de rivière ou d’affluent », a souligné Ulrich Eichelmann, de Riverwatch.   « La Vjosa est l’une des rares rivières de cette taille toujours bien préservée et intacte », a réagi Andrej Sovinc, de l’UICN. « C’est un héritage pour toute la planète. »  Cependant, des ONG s’inquiètent d’un projet controversé de construction d’aéroport dans la région de Vjosa-Narta, plus au sud, qui menacerait plus de 200 espèces d’oiseaux qui vivent dans une zone de lagunes et de marais.   Selon Edi Rama toutefois, ce projet n’aura aucun impact sur l’écosystème local.