Tara démarre le volet africain de sa mission scientifique sur les micro-organismes marins

La goelette Tara ©Yohann.Cordelle - Wikimedia

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La goélette française Tara, qui mène depuis seize mois une mission scientifique sur les mystères des micro-organismes marins, a démarré samedi au Cap le volet africain de son épopée qui se penchera notamment sur l’impact de la pollution des grands fleuves, a annoncé la fondation Tara Océan.

Le voilier de 36 mètres de long et 10 mètres de large conçu par l’explorateur Jean-Louis Étienne s’était élancé en décembre 2020 de son port d’attache de Lorient en France. Objectif: étudier le « microbiome », cette face cachée des océans constituée de millions d’espèces pour la plupart invisibles à l’oeil nu.  La mission le long de la côte ouest-africaine se penchera aussi sur les effets de la pollution des grands fleuves africains (Congo, Orange, Gambie, Sénégal) sur l’Atlantique.   L’équipage sondera l’eau jusqu’à 1.000 mètres de profondeur pour collecter des échantillons conservés à un froid extrême jusqu’au retour à terre prévu en septembre 2022.  « Nous nous attendons à trouver des preuves d’un degré élevé de pollution », a déclaré Thulani Makhalanyane, professeur d’écologie microbienne et de génome à l’université de Pretoria qui se penchera notamment sur les effets sur l’agriculture.  Les scientifiques étudieront également le courant froid de Benguela qui remonte de l’Afrique du Sud vers les côtes namibiennes et angolaises, en transportant plus de nutriments que nulle part ailleurs dans le monde.   « Comprendre cela et le caractériser à l’échelle du microbiome est quelque chose qui n’a jamais été fait et surtout, le phénomène n’est pas inclu dans les modèles sur le changement climatique », a expliqué Emma Rocke, 42 ans, chargée de recherche à l’université du Cap présente sur le navire.  L’équipage étudiera également un autre courant ascendant au large des côtes sénégalaises, le troisième plus puissant après le courant Benguela et le courant du Pérou et du Chili.  Bouclant un périple de 70.000 km, Tara est passé au large des côtes du Chili, du Brésil et de l’Argentine, ainsi que dans la mer de Weddell en Antarctique.  Quinze marins et 80 chercheurs sont à bord, avec 42 institutions scientifiques impliquées dans 13 pays, dont la France, le Chili, le Brésil, l’Italie ou l’Afrique du Sud.  Tara Microbiomes est la 12e mission depuis le lancement, en 2003, de ces expéditions par les Français Agnès b. et son fils Etienne Bourgois.