Déambulant entre vaches, foin et bouses jeudi au Salon de l’agriculture, le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot a dénoncé le retour d’une « petite musique » du « produire plus », qui ferait fi des normes environnementales pour répondre à la crise ukrainienne.
L’écologiste est un pourfendeur de longue date de l’agriculture productiviste – comme Jean-Luc Mélenchon, qui a préféré organiser une visite agricole samedi dernier lors de son voyage à La Réunion, et envoyer des représentants porte de Versailles. Mais Yannick Jadot a plutôt été épargné par les esclandres dans un salon où les stands de la FNSEA et de l’interprofession des éleveurs, qu’il a visités, dominent en taille. Il a néanmoins été alpagué par un chasseur, élégamment mis mais mécontent: « Vous voulez supprimer la chasse! » « Non, seulement le weekend et pendant les vacances », a rétorqué le candidat. « Vous savez bien que si vous supprimez la chasse le weekend, il n’y a plus de chasseurs car ils travaillent », a maugréé son interlocuteur. Yannick Jadot a enchaîné sur un terrain plus favorable, le stand de l’agence Agriculture biologique, qui décerne le label AB. Sa directrice Laure Verdeau l’a interpellé: quid d’un secrétariat à l’Agriculture biologique? « Est-ce qu’il ne faut pas plutôt un ministère de l’Agriculture qui fasse du bio le coeur de son projet? », a répondu M. Jadot. Passer au modèle bio « nécessite du temps, c’est incontestable », a-t-il concédé.
« Essoré »
Au cours de sa déambulation, saluant l’égérie « Neige » de race Abondance qu’a aussi tâtée François Hollande quelques minutes après lui, Yannick Jadot a cru entendre « une petite musique » qui lui a déplu. « Je suis inquiet d’entendre ici une petite musique qui nous ramène 30 ans en arrière, il faudrait produire toujours plus » pour répondre à la guerre en Ukraine qui désorganise les marchés agricoles, a-t-il tonné. Un « prétexte« , et même « l’instrumentalisation d’une situation dramatique ». Or pour lui, les écologistes ont « gagné la bataille culturelle sur le modèle agricole, sur ce que veulent manger les Français ». Mais, a pesté le candidat, les politiques publiques tardent à suivre. « Les combats on les mène, mais on les perd, parce qu’on est pas assez nombreux », a soupiré l’eurodéputé EELV Claude Gruffat qui l’accompagnait, et que M. Jadot a dit « essoré » par les tractations sur la Politique agricole commune. Yannick Jadot voudrait la réorienter s’il est élu, pour en flécher les subsides vers l’accompagnement de tous les agriculteurs en direction du bio. « On ne peut pas mettre de côté toutes les contraintes environnementales et sociales », a-t-il insisté. Plutôt que produire plus et exporter pour « nourrir la planète », il faut selon Yannick Jadot se contenter de l’objectif de « souveraineté alimentaire » pour nourrir les Français. Et l’écolo assume que les prix du bio resteront élevés: « Le bio c’est plus cher mais il faut payer le juste prix, on ne va pas gérer les problèmes de pouvoir d’achat des Français par la pauvreté des paysans ». Il veut plutôt baisser les factures énergétiques via les rénovations thermiques subventionnées et le développement de modes de transport alternatifs à la voiture. Lui qui a souvent appelé à attendre la dernière phase de la campagne pour relativiser ses 5 à 6% dans les sondages, a paru soulagé d’apprendre qu’Emmanuel Macron allait se déclarer jeudi soir dans une « Lettre aux Français ».« C’est quoi le candidat Macron en agriculture? Robotique, numérique, génétique. Nous c’est paysans, biodiversité, alimentation saine ».