La veille de l’entrée en vigueur de l’interdiction totale de la pêche électrique en Europe le 1er juillet 2021, une enquête exclusive du journal néerlandais NOS dévoile comment les Pays-Bas ont menti et triché pour obtenir des dérogations pour sa flotte.
Avant que l’interdiction totale de la pêche électrique en Europe soit entrée en vigueur le 1er juillet 2021, les pays membres de l’Union Européenne avaient le droit d’équiper une quinzaine de chalutiers à la pêche électrique. Le gouvernement néerlandais a pourtant longtemps échappé à ces quotas imposés par la règlementation. Depuis plusieurs années, l’association de protection de l’environnement BLOOM se bat pour dénoncer les dérives de ce pays. En effet, les Pays-Bas ont réussi à équipe 84 navires de pêche au lieu d’une quinzaine, sans que la Commission européenne ne réagisse. Une enquête exclusive du journal néerlandais NOS, publiée le 29 juin 2021, révéle les dessous des multiples fraudes commises par les Pays-Bas dans le dossier de la pêche électrique. Dans son article, le journaliste d’investigation Thomas Speckschoor explique que « La partie publiée des documents montre pour la première fois noir sur blanc comment le ministère a tenté d’induire en erreur Bruxelles et les autres pays de l’Union européenne afin d’obtenir le plus grand nombre possible de licences pour la pêche électrique. Les fonctionnaires néerlandais se sont mutuellement informés par courrier électronique que leurs méthodes n’étaient pas légales et qu’elles étaient « douteuses », mais ils ont reçu pour instruction de le cacher à la Commission européenne et à l’élite politique du ministère ».
Bloom souligne que la falsification des chiffres a été délibérément dissimulés à la Commission européenne et aux autres États membres. L’enquête révèle également qu’un responsable néerlandais a écrit dans un email qu’« il est important que ces questions soient traitées avec le moins d’attention possible. […] Il n’est pas dans l’intérêt des Pays-Bas que d’autres États membres soient au courant de l’offensive qui est maintenant lancée à différents niveaux ». Bloom soutient que la Commission européenne n’est pas toute blanche dans cette histoire. Selon l’ONG, la Commission aurait accordé un très grand nombre de dérogations sans avoir obtenu l’aval des scientifiques du Comité Scientifique, Technique et Économique des Pêches (CSTEP). Elle se serait aussi laissée avoir par les mensonges des Pays-Bas comme ce fut le cas en 2010, lorsque le gouvernement a demandé à faire des recherches scientifiques sur 20 navires et qu’il a obtenu l’autorisation de la Commission européenne qui pensais que la recherche serait effectuée sur les 22 navires déjà équipés ce qui portait à 42 le nombre de navires pratiquant la pêche électrique, indique BLOOM. La Commission avait alors ouvert une enquête pour comprendre comment les Pays-Bas étaient arrivés à 42 navires, mais il n’y a pas eu de suite.
« En 2014, la Commission européenne décide soudainement de s’accommoder des mensonges des Pays-Bas en considérant que les 42 navires ne représentent plus que 5% de la flotte. Elle donne son accord par la même occasion pour doubler le nombre de navires pratiquant la pêche électrique, soit 84 licences au total », ajoute BLOOM. L’enquête du journal NOS précise par ailleurs que « Les Pays-Bas abusent du fait que la Commission européenne ferme les yeux sur le trop grand nombre de navires qui pêchent déjà avec la technique du chalut électrique. ».