Les Conservatoires d’espaces naturels Auvergne-Rhône-Alpes ont publié un guide qui déconstruit avec humour certaines des idées reçues les plus répandues sur la préservation de la nature dans les espaces protégés.
« Certaines idées reçues ont la vie dure et, sur le terrain, les professionnels de la gestion d’espaces naturels ont régulièrement à faire de la pédagogie sur leur métier, les intérêts que présente la biodiversité, les enjeux de la préservation de tel ou tel milieu naturel. » C’est le préambule à une publication originale des Conservatoires d’espaces naturels Auvergne-Rhône-Alpes, écrite par Nathalie Melcion, parue en janvier dernier et intitulée : « STOP aux idées-reçues sur la gestion des espaces naturels ». Le guide propose un florilège de clichés sur la nature et des réponses adaptées à chacun d’eaux. Il se structure en trois grands chapitres : le premier s’attache à la compréhension de l’érosion de la biodiversité, des services rendus par cette dernière et de ce qu’elle coûte et ce qu’elle rapporte. A l’idée reçue « Il y a quand même plus important que les petites fleurs et les petits oiseaux ! », le guide répond ainsi « Derrière la préservation de la biodiversité, c’est du bien-être voire de la survie de l’espèce humaine dont il est question… C’est un véritable enjeu d’équité sociale car, en cas de problème d’accès aux ressources, on sait bien que les plus démunis sont les plus vulnérables ». Et à ceux qui s’entendent dire que préserver la biodiversité coûte cher, il est conseillé de répondre que le coût d’une autoroute représente « environ 6,2 millions d’euros par kilomètre » contre moins de 100 000€ pour « l’acquisition et la préservation durable de 40 hectares de forêts alluviales ». Le second chapitre propose un changement de regard sur les espaces naturels, les espèces, les continuités écologiques, les changements climatiques et la biodiversité. Trouve-t-on que « Les milieux humides sont responsables de la prolifération des moustiques » ? Il suffit de savoir que « Les moustiques étant à la base de la chaîne alimentaire, ils sont un indicateur de bonne santé des écosystèmes : sans eux, nombre d’espèces bénéficiant de ce garde-manger disparaîtraient (grenouilles, hirondelles et autres oiseaux insectivores…). » Pense-t-on que « les espaces agricoles, c’est pas naturel » ? En fait, « tout dépend des pratiques agricoles et notamment de l’utilisation qui est faite des produits phytosanitaires et des engrais. […] les espaces agricoles accueillent, en leur sein ou sur leurs franges, des espèces originales. » Et face au sempiternel « Certaines espèces sont vraiment inutiles, d’autres franchement nuisibles ! », l’entrée en matière sera « Toutes les espèces ont un rôle dans la nature, même celles les moins aimées. Elles contribuent à l’équilibre des milieux naturels sur lequel il est délicat de jouer. » Enfin, le dernier chapitre du guide entend déconstruire certaines idées reçues sur la gestion pratique des espaces naturels : les acteurs de la préservation, les techniques et le rôle de l’agriculture. Les gestionnaires d’espaces naturels sont-ils « une bande d’écolos mal rasé » ? Préservation rime-t-elle avec « interdiction » ? La nature se débrouille-t-elle très bien sans notre intervention ? Réponses à l’intérieur… Et l’auteure de rappeler aux gestionnaires d’espaces naturels : « ayez en tête que, pour créer un climat de confiance et d’entente mutuelle, il vaut mieux éviter de chercher à tout prix à avoir raison ! […] Avant de ‘sortir vos arguments’, commencez donc par écouter vraiment votre interlocuteur […] »