Dans un contexte actuel de déclin global de la biodiversité, une étude publiée dans la revue Science Advances tente de déterminer comment l’extinction des espèces en danger modifiera les caractéristiques fonctionnelles des plantes et des animaux. Les résultats montrent qu’une réorganisation globale des rôles de la faune et de la flore est à prévoir.
Une large proportion des espèces « en danger » selon la classification de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) est fonctionnellement unique. Ces espèces sont, pour ainsi dire, irremplaçables car elles ont des traits fonctionnels (taille, poids, capacités de reproduction, de locomotion ou de ressources alimentaires) propres. Leur extinction provoquerait une réorganisation globale de toute la gamme de fonctions assurées par l’ensemble de ces groupes. Ces conclusions sont celles apportées par un groupe de chercheurs international dont des scientifiques du laboratoire Évolution et Diversité Biologique. Leurs recherches publiées dans la revue Science Advances montrent que l’extinction des espèces en danger entraînerait une réorganisation globale du rôle des autres espèces dans un écosystème.
Les plantes et les animaux présentent tout un éventail de caractéristiques fonctionnelles et morphologiques, incluant de larges variations en taille, poids, capacités de reproduction, de locomotion ou de ressources alimentaires. Certaines d’entre-elles sont communes à plusieurs espèces d’autres sont uniques. Si un nombre suffisant d’espèces partagent les mêmes fonctions, il est peu probable que l’extinction d’une partie des espèces affecte fortement les fonctions de l’ensemble du groupe. En revanche, si certaines fonctions sont assurées par un petit nombre d’espèces et qu’il y a des disparitions au sein du groupe, cela entraînera une réduction des fonctions assurées par cet ensemble. L’étude concerne plus de 75 000 espèces de plantes, de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons d’eau douce. Les résultats mettent en évidence que, dans chacun de ces groupes, plus de la moitié des espèces partagent moins de 20 % des fonctions. Cela implique donc que 80 % des fonctions restantes sont assurées par un petit nombre d’espèces, peu redondantes fonctionnellement.
Les analyses montrent que si les extinctions s’avèrent conformes aux prédictions de l’UICN alors le déclin fonctionnel serait compris entre 0.3 % (pour les reptiles) et 5,1 % (pour les poissons d’eau douce). Ce déclin serait accompagné d’une augmentation importante de 17 à 23 % selon les groupes de la gamme de fonctions soutenues par une seule espèce. Dans le cas où les extinctions arriveraient plus vite que prévues, l’étude présage un accroissement significatif du déclin fonctionnel.