🔻 Planter des arbres pour compenser les émissions de CO2 ? Attention au Greenwashing…

Photo d'illustration ©Candid_Shots de Pixabay

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Parce qu’on a tendance à orienter notre consommation vers des produits plus engagés dans la cause environnementale, certaines entreprises tentent de surfer sur la vague de la « compensation carbone » pour marquer une démarche plus écoresponsable. Mais attention au Greenwashing ! L’association de protection de la nature France Nature Environnement (FNE) explique point par point comment planter des arbres et devenu un effet de mode.

Planter diverses essences sur des gazons épars pour ne pas faire le deuil de la nature, voilà une idée plutôt séduisante pour compenser nos émissions de CO2. Les arbres sont de formidables puits de carbone. Les forêts sont d’ailleurs le meilleur mécanisme jusqu’ici présent en France pour stocker ce gaz à effet de serre qui contribue au changement climatique. Elles séquestrent en effet près de 20 % de nos émissions. Les projets de plantation pour sauver notre planète bourgeonnent alors aussi vite que les jeunes pousses plantées collées-serrées sur quelques mètres carrés de terrain. Plusieurs entreprises et collectivités se mettent ainsi au vert et abordent des techniques de plantation à la mode comme avec la création de forêts urbaines selon la méthode « Miyawaki ». Cette méthode, en plein essor en Europe, s’inspire de la composition naturelle des communautés végétales forestières et de leur dynamique pour implanter des mini forêts en ville et absorber les tonnes d’émissions de CO2.

Seulement, quand on met ce genre de technique entre les mains de bons commerciaux, « la compensation carbone peut rapidement devenir une excuse pour continuer à polluer » explique France Nature Environnement (FNE) dans un communiqué. L’association de protection de la nature a publié un petit guide préventif sur la plantation massive d’arbres pour réduire nos émissions de carbone en mettant l’accent sur le « Greenwhashing ». Le Greenwhashing, ou « éco blanchiment », désigne les pratiques marketing qui consistent à communiquer auprès du public avec un argumentaire écologique bien rodé sans pour autant avoir des engagements sérieux dans le domaine. Il s’agit d’une simple façade pour sembler plus investi dans la cause écologique tout en continuant à mener des actions qui vont dans le sens inverse.

FNE met en garde : « une entreprise classée parmi les plus gros pollueurs mondiaux ne peut se contenter de financer un projet de plantation : elle doit avant tout chercher à réduire significativement ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Et ce, pour trois raisons au moins ». La première raison est que la démarche de compensation est insuffisante à elle-seule. « Il est impossible de compenser tous nos modes de vie (il faudrait planter des arbres sans fin !). La compensation doit s’intégrer à une démarche globale où éviter et réduire les émissions de carbone sont les principales priorités. ». La deuxième raison est que la séquestration du carbone par les arbres n’est pas instantanée : « alors que les émissions de GES ont lieu aujourd’hui, la séquestration de CO2 par la plantation d’arbres se fait progressivement, au cours de la croissance des arbres, soit sur plusieurs décennies. Or, c’est maintenant qu’il faut réduire nos émissions, et non dans 30 ans ». Enfin, FNE rappelle que tout projet forestier est soumis à des risques : « que se passera-t-il si dans 25 ans la forêt nouvellement plantée est brûlée dans un incendie ? Tout le carbone stocké repartira dans l’atmosphère et la compensation effective sera nulle. »

Pour éviter toute communication trompeuse, FNE recommande de parler de « contribution carbone » et non de « compensation », car un projet de plantation ne permet pas de compenser les émissions, mais contribue à atteindre les objectifs de neutralité carbone d’un territoire. Pour ne pas céder à la tentation du Greenwhashing, l’association préconise d’évaluer la pertinence des projets avant de les soutenir. Pour cela, elle fournit quelques clés qui permettent d’identifier les projets ayant du potentiel. Un projet peut être dit « vertueux » s’il s’inscrit dans une démarche plus large de réduction des émissions. En d’autres termes, si une entreprise parle de compensation carbone, ou au mieux de contribution carbone, il faut s’assurer qu’elle fait d’autres actions pour réduire ses propres émissions. Un autre indicateur d’un projet fiable est lorsque l’entreprise est transparente sur ses actions. Toutes les informations les concernant doivent être renseignées sur leur site internet de façon claires. Il faut aussi que ses actions soient cohérentes. En effet, pour qu’un projet de plantation soit envisageable, il faut faire attention au choix de la parcelle, qui doit préférentiellement être un sol dégradé où la forêt pousserait difficilement par elle-même. Il faut également choisir des essences diverses avec un système de plantation réfléchi afin que les arbres sélectionnés s’adaptent aux conditions locales et aux changements climatiques. Enfin, il est primordial que les pratiques soient compatibles avec la préservation de la biodiversité notamment en respectant l’équilibre biologique des sols.

Article FNE