Une étude publiée dans la revue Frontiers in Ecology and Evolution montre que la communauté scientifique souffre d’une ignorance profonde vis-à-vis du monde microbien et de ses réactions face aux activités humaines.
Plus de doutes, les activités humaines entraînent un déclin des espèces végétales et animales. Cependant, les scientifiques n’ont aucune idée de l’impact de l’homme sur les microbes, des organismes souvent oubliés. Des chercheurs ont voulu percer ce mystère, mais se sont retrouvés face à un résultat troublant : ils n’ont aucune idée si la diversité des microbes augmente ou diminue. En d’autres termes, la science souffre d’une « ignorance profonde » quant à la manière dont la biodiversité microbienne est influencée par les changements environnementaux rapides, ont-ils indiqué dans une récente étude publiée dans la revue Frontiers in Ecology and Evolution.
Les microbes contribuent bien plus qu’on ne l’imagine à la vie sur terre. Ils participent à la production de nos aliments, à la séquestration et à la libération du carbone dans le sol, à la guérison ou au contraire à l’apparition de maladies, etc. Seulement, les scientifiques ont du mal à définir ce qu’est réellement une espèce microbienne et ne savent pas comment identifier, analyser et suivre efficacement leur comportement. La chose sur laquelle ils sont tous en accord est que connaître comment les activités humaines influencent ce monde de micro-organismes pourrait être très important pour l’avenir de l’humanité et de la planète. Les microbes sont extrêmement abondants, et cette abondance, ou ce manque d’abondance en cas de déclin, peut affecter les frontières planétaires, autrement dit les seuils que l’humanité ne doit pas dépasser pour vivre durablement dans un écosystème sûr. Il pourrait y avoir un trillion d’espèces de microbes différentes sur Terre et la population totale de ces micro-organismes pourrait être un million de trillions de fois plus nombreuse. Les microbes sont responsables de 40 % du carbone retiré de l’atmosphère chaque année ; certains scientifiques les qualifient d’ « organismes les plus importants sur Terre sur le plan fonctionnel. »
Les résultats de l’étude montrent qu’il est fort probable qu’à mesure que certaines classes de microbes s’éteignent, d’autres évoluent et se diversifient. En effet, les auteurs notent que la diversité taxonomique des bactéries intestinales humaines serait en baisse. Ils soulignent que le manque de compréhension de la dynamique de l’évolution de la biodiversité microbienne est sans doute l’inconnue la plus profonde et la plus conséquente en ce qui concerne la connaissance humaine de la biosphère. « Si une partie ou la totalité de la diversité microbienne augmente sans cesse, les méthodes d’étude risquent d’être trop lentes pour la rattraper » ont-ils écrit. Les scientifiques pensent que de nouvelles approches, notamment le séquençage de populations à l’aide de molécules ou de cellules uniques pourraient donner un aperçu plus direct de certains aspects du rythme de l’évolution microbienne.
D’autres recherches ont montré que les microbes pourraient prospérer dans un climat en réchauffement. Il a été observé que dans des températures légèrement plus élevées, les micro-organismes du sol établissent davantage de liens avec d’autres types de microbes. Les scientifiques en apprennent de plus en plus sur la diversité microbienne. Leurs recherches servent à alimenter les travaux visant à protéger les écosystèmes.