Les mangroves constituent des écosystèmes parmi les plus riches en biodiversité. Elles suscitent désormais un intérêt croissant pour leurs services écosystémiques comme la protection de la faune et la flore ou la défense des côtes face à la hausse des niveaux marins ou aux tsunamis. Pour mieux les protéger, des scientifiques du Cirad ont mis au point un algorithme permettant d’assurer un suivi efficace et automatique des peuplements.
Véritables forêts entre terre et mer, les mangroves sont des écosystèmes flexibles et robustes qui s’adaptent rapidement à leur environnement.Ce sont des milieux très riches en biodiversité, qui hébergent et protègent de nombreuses espèces de crustacés, de batraciens, de poissons, d’oiseaux mais aussi de mammifères. Les mangroves sont des barrières naturelles contre les assauts des océans et protègent les côtes de l’érosion. Elles sont reconnues pour leur rôle dans le stockage de carbone et dans la régulation du climat. Elles fixent également les sédiments dans le sol et agissent comme un filtre en purifiant l’eau permettant aux coraux de se développer au large. Elles constituent une zone de refuge et de nurserie pour de nombreuses espèces animales. Bien que ces écosystèmes soient étudiés depuis une trentaine d’années, il reste encore beaucoup de choses à apprendre. On ne sait pas notamment comment ils réagissent à la pollution ou aux changements climatiques. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Leur avenir demeure, en outre, préoccupant malgré la prise de conscience de leur rôle dans le maintien de la biodiversité côtière. Aussi, il s’agit aujourd’hui de mieux les protéger, notamment des pratiques non durables telles que l’aquaculture et la crevetticulture intensives ou le défrichement pour récolter du bois. Pour cela, il est essentiel d’assurer un suivi efficace et automatique de leur dynamique, que les peuplements soient réhabilités ou naturels.C’est dans ce but que Valéry Gond, géographe spécialiste de la télédétection au Cirad (Centre international de recherche agronomique pour le développement) et son équipe ont récemment développé un outil algorithmique dédié à ce type de suivi. Cette étude a été menée dans le cadre du projet Rescue consacré à la surveillance et à la restauration des écosystèmes côtiers durables.
Les scientifiques ont choisi d’étudier un peuplement de mangroves au Sud-Est de la Thaïlande, dans la province de Trat. Sur place, les arbres naturels se mélangent aux arbres plantés par l’homme. En termes de réhabilitation, une seule espèce – Rhizophora – a été utilisée au début des années 90, tandis que les mangroves naturelles bénéficient d’une plus grande diversité avec quatorze espèces dont les principales sont Avicennia et Bruguiera.
Avec la puissance de calcul de Google Earth Engine, les chercheurs ont analysé et synthétisé près de 30 ans de données des satellites Landsat pour mesurer les différents taux d’activité photosynthétique de ces forêts immergées. Des images de drones ont également permis d’analyser leur structure végétale et leur évolution.
Sur le site d’étude, les résultats montrent qu’après 28 ans,les mangroves réhabilitées atteignent quasiment la même hauteur que les peuplements naturels,18 mètres pour les forêts naturelles et 14 mètres pour les forêts en régénération. L’étude démontre également qu’elles ont besoin d’une période d’au moins 7 ans, pouvant aller jusqu’à 13 ans pour disposer d’un taux d’activité photosynthétique similaire à celui des peuplements naturels.
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