Dans une étude publiée par la revue académique Scientific Reports, des chercheurs ont analysé les causes d’un déclin de plus de 56% des espèces dans les assemblages de mammifères des tropiques américains. Les différentes activités humaines telles que la chasse excessive, l’exploitation des terres et les incendies ont largement contribué à cette perte de biodiversité.
L’écozone néotropicale réunissant Amérique centrale, Antilles, Amérique du Sud et îles Galápagos, contient la plus grande biodiversité terrestre et d’eau douce avec plus de 1600 espèces de mammifères. Depuis la conquête européenne remontant à plus de 500 ans, cette biodiversité s’est progressivement appauvrie dans nombre des 155 écorégions de la zone. Dans leur étude « Extent, intensity and drivers of mammal defaunation : a continental‐scale analysis across the neotropics » (« L’étendue, l’intensité et les facteurs de la défaunation des mammifères : une analyse à l’échelle continentale dans les néotropiques » en français), des chercheurs ont récolté des données montrant l’ampleur, l’étendue spatiale et les facteurs de défaunation des mammifères dans toute la zone néotropicale. Ils ont également compilé des données sur plusieurs variables socio-environnementales afin de comprendre les raisons du déclin de ces populations.
L’étude révèle que plus de 56 % des populations de mammifères vivant dans les néotropiques ont disparu depuis 1500. Les pertes les plus importantes sont observées chez les espèces d’ongulés, telles que le tapir du Brésil ou le pécari à lèvres blanches. Les recherches révèlent une accélération de l’épuisement des ressources biotiques au niveau local depuis les années 70. Les principales perturbations sont d’origine humaine : accès à des zones forestières auparavant éloignées, expansion de l’agriculture, feux de forêts alimentés par le changement climatique, pression croissante de la chasse, assouplissement de l’application des lois environnementales et une combinaison entre ces facteurs et les facteurs de stress socio-économiques qui limitent l’accès aux protéines alimentaires. Les zones les moins touchées par le déclin de la diversité des mammifères néotropicaux sont celles les plus éloignées des infrastructures créées par l’Homme. On les retrouve principalement dans les vastes étendues de forêts amazoniennes, inaccessibles par la route.
Pour mener leurs études, les chercheurs de l’UAE (l’Université d’East Anglia) et de l’Université de Sao Paulo au Brésil ont réuni différents outils. Ils ont sélectionné des études publiées entre 2015 et 2020 pour répertorier les assemblages des mammifères actuellement présents en zone néotropicale. Ils se sont aussi référés à des études plus anciennes pour définir la présence historique des espèces. Enfin, ils ont généré un indice de pression de chasse (IPH) pour déterminer les pressions sur les différentes populations de mammifères étudiées.
Les chercheurs espèrent que les résultats obtenus par l’étude encourageront les efforts de conservation de la biodiversité néotropicale, en particulier dans la région Amazonienne et les zones humides du Pantanal. Ces régions sont encore considérées comme « intactes du point de vue de la faune ». Au contraire, les régions comme la forêt Atlantique brésilienne et la Caatinga ont été tellement dégradées qu’elles sont considérées comme des « écosystèmes vides » par l’étude.
Lire l’étude dans Nature Scientific Reports