Au cours des derniers mois, différentes entreprises de conditionnement de la viande dans le monde ont été associées à d’importants groupes d’infections par COVID-19. Ce phénomène a attiré l’attention de trois chercheurs qui ont tenté de comprendre les liens entre les épidémies de virus et l’élevage industriel.
Après que différentes entreprises de conditionnement de la viande ont été associées à d’importants groupes d’infections par COVID-19, trois chercheurs se sont intéressés au lien potentiel de l’élevage industriel et des épidémies de virus. Dans deux articles, ils montrent la corrélation spatiale entre le nombre croissant d’infections par COVID-19 et l’élevage intensif de porcs au Brésil, aux États-Unis et en Allemagne. Ils avancent également une hypothèse, encore non prouvée, selon laquelle le modèle agricole actuel, à savoir l’élevage industriel de porcs, pourrait favoriser la propagation du virus, avec les animaux comme vecteurs de contamination. « C’est une hypothèse, mais la corrélation spatiale est très élevée », déclare M. Bombardi.
Pour leur premier article, les chercheurs ont pris le cas de Santa Catarina, un État du Sud du Brésil. Santa Catarina représente 25% de la production porcine au Brésil et présente un taux élevé d’infection par le COVID-19. La faible densité de population dans la région occidentale de l’État, par rapport à la zone côtière plus peuplée où les taux d’infection sont élevés, aurait dû ralentir la propagation du coronavirus à l’intérieur des terres selon les chercheurs.
La corrélation spatiale entre le COVID-19, l’élevage de porcs et la faible densité de population de Santa Catarina se retrouve dans les autres États du sud du Brésil, une région qui représente 66% de la production porcine du pays. Le même schéma se retrouve aux États-Unis dans le Dakota du Sud, un des États les moins peuplés du pays. Le nord-ouest de l’Allemagne, qui a la production porcine la plus élevée du pays, répète cette corrélation spatiale mais avec une densité de population plus élevée, contrairement aux deux autres pays analysés dans le deuxième article sur le sujet.
Une étude publiée en mai dernier écarte la théorie largement répandue selon laquelle le virus qui a causé le COVID-19 s’est propagé à partir d’un marché à Wuhan en Chine. Les recherches ont montré que le virus circulait déjà dans le pays avant cela et que la première transmission de l’animal à l’homme a eu lieu avant l’apparition de l’épidémie liée au marché qui aurait plutôt été site de diffusion. De nombreux experts pensent qu’il y avait un hôte intermédiaire entre les chauve-souris d’où le virus est soupçonné d’être originaire et les humains. Les chercheurs se sont alors orientés vers les porcs. La Chine est le plus grand producteur mondial de porc, la province de Hubei, où se trouve Wuhan est d’ailleurs l’une des cinq plus grandes régions produisant le porc en Chine.
Cette hypothèse a déjà été prouvée en mars 2009 lorsqu’une grippe avec infection respiratoire est apparue dans une zone proche d’un élevage industriel de porcs au Mexique. Un mois après, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclaraient la pandémie de grippe porcine H1N1. Dans une autre étude parue au journal Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), des chercheurs ont décrit l’analyse des virus de la grippe découverts chez les porcs chinois entre 2011 et 2018. Ils comprennent une version du virus H1N1 présentant des caractéristiques potentiellement pandémiques. Le virus ne représenterait pas une menace imminente, mais les scientifiques ont appelé à une surveillance urgente et rigoureuse du virus et des populations humaines, en particulier les travailleurs de l’industrie porcine.
Article sur le lien entre élevages porcins et épidémies de virus partie 1
Article sur le lien entre élevages porcins et épidémies de virus partie 2