L’Inra lit dans les écailles de poissons (1 min 30)

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Les écailles de poissons peuvent livrer quantités d’informations sur les espèces (Âge, croissance, reproduction, etc), que les chercheurs de l’Inra utilisent pour mieux comprendre les impacts des activités humaines sur les populations.

Les chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) collectionnent les écailles de poissons depuis 1970. L’institut en possède aujourd’hui environ 200 000. Pourquoi un tel intérêt ? « Les écailles apportent énormément d’informations, c’est un outil assez magique qui permet d’étudier un cycle de vie dans sa globalité » explique Clarisse Boulenger, chercheuse à l’Unité mixte de recherche Écologie et santé des écosystèmes. Ainsi les scientifiques lisent-ils la croissance des poissons sur leurs écailles, grâce à l’espace entre les stries qui s’agrandit ou rétrécit en fonction de la période de l’année, correspondant aux différences de rythmes de croissance entre l’hiver (ralentie) et le printemps et l’automne (accélerée). « Âge, croissance, reproduction, espèce… Nous pouvons même déterminer combien de temps ils ont passé en rivière ou en mer. Une autre pièce calcaire, l’otolithe, permet d’être plus précis, et de savoir à quel endroit ils ont évolué (rivière ou mer) et à quel moment, ainsi que leur lieu de naissance, car chaque rivière a une composition chimique unique » indique également Clarisse Boulenger. L’otolithe indique également le temps que les poissons passent dans l’eau saumâtre des estuaires à s’adapter et à se transformer pour survivre dans la mer.

Grâce à la collecte d’écailles et aux données de capture et de terrain, les chercheurs de l’Inra ont décelé des évolutions traduisant l’impact des activités humaines (barrages, changement climatique, agriculture intensive…) sur les populations, notamment chez les saumons atlantiques. « Quelle que soit la classe d’âge de cette espèce, les individus sont plus petits, et les reproducteurs passant plusieurs hivers en mer se font plus rares », explique l’institut dans un communiqué. Les écailles de poisson vont ainsi permettre de mieux comprendre les effets du changement climatique sur les espèces-cibles, la truite et le saumon, qui sont des bioindicateurs de choix. « Nous parlons de bioindicateurs car ces poissons ont un cycle de vie complexe : ils évoluent dans plusieurs milieux. Si la population est en mauvais état, ça veut dire que le milieu dans lequel ils grandissent l’est aussi… Ils sont très sensibles aux températures, à l’alimentation. En étudiant les écailles de poisson, nous voyons clairement que les conditions environnementales sont de plus en plus dégradées… » précise Clarisse Boulenger.