Une étude montre que les tourbières, les habitats qui stockent le plus de carbone au monde, pourraient bientôt ne plus pouvoir jouer ce rôle, notamment sous les Tropiques.
Dans une tourbière, le carbone de la végétation morte n’est pas libéré dans l’atmosphère : il est piégé dans la matière en décomposition par la saturation en eau et le manque d’oxygène. Ainsi, alors qu’elles ne couvrent que 3% des surfaces continentales, les tourbières stockent plus de carbone que toute la végétation mondiale réunie, et sont ainsi des habitats-clés des efforts de réduction de l’effet de serre dû au réchauffement climatique.Une étude menée par une équipe internationale à laquelle ont participé des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) montre toutefois que le rôle de puits de carbone des tourbières risque de diminuer au fur et à mesure que la planète se réchauffera. Leur constat de départ : sous l’effet du réchauffement climatique, les tourbières accumulent de plus en plus de carbone. « En effet, la plupart des tourbières étant localisées dans des zones climatiques froides (Sibérie, Canada, etc.), une augmentation des températures de 1°C à 4°C d’ici 2100 allongera la saison de croissance des plantes et donc la quantité de plantes mortes qui s’accumulera,» explique le CNRS dans un communiqué. La libération accrue et accélérée de méthane et de carbone se traduira par un stockage supplémentaire de 5% de carbone. « Cet effet sera néanmoins contrebalancé par une accumulation réduite dans les zones tropicales comme Bornéo ou l’Amazonie, où les tourbières, sous l’effet de l’exploitation et de l’augmentation de température, libère du carbone sous forme de CO2. » Ainsi, dans le futur les tourbières ne pourront continuer à jouer leur rôle de puits de carbone qu’à la condition qu’elles soient protégées et/ou restaurées, notamment dans les régions tropicales où elles sont le plus menacées.