D’où viennent les contaminants du Rhône ?

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Confluence of the Rhone and Arve Rivers in Geneva. Geneva, Switzerland.
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Grâce à un réseau de stations de mesure pérennes sur le Rhône et ses affluents du lac Léman à la mer Méditerranée, l’Observatoire des Sédiments du Rhône livre à un bilan de l’origine des flux de matières en suspension et de contaminants associés.

Les matières en suspension (MES) sont des particules fines transportées dans l’eau des rivières et pouvant contenir des contaminants, tels que métaux et résidus de pesticides ou de médicaments, qui progressent jusqu’aux embouchures soulèvent des enjeux de gestion majeurs. Peu de données sont actuellement disponibles sur les MES des cours d’eau français. L’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse a ainsi sollicité l’expertise de l’Observatoire des Sédiments du Rhône (OSR), au sein duquel l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea) est fortement impliqué, afin de quantifier les flux de solides dans le Rhône et de déterminer leurs origines, mais aussi de mesurer les concentrations et les flux de contaminants. Ce travail a eu lieu dans le cadre du programme OSR4, entre 2015 et 2018. Dans cette optique, des méthodes originales de prélèvements, de mesure et d’analyse ont été élaborées : des pièges à particules passifs pour le prélèvement de MES ou encore l’analyse des signatures acoustiques des particules en suspension à l’aide de sonars. Dans un communiqué, l’Irstea commente les résultats : « Premier contributeur des flux de MES (34% entre 2011 et 2016) suivi par l’Isère (30%), la Durance a ainsi contribué à 29% des apports de mercure en 2016. A contrario, moins d’1% des flux de mercure et de PCB proviennent du Gier pourtant 4 à 30 fois plus contaminé, car il transporte moins d’1% des flux annuels de MES. ». Concernant le risque environnemental à l’échelle du bassin, OSR4 a montré que le Gier et la Bourbre avaient des concentrations en polychlorobiphényles (PCB) entre 2 et 14 fois supérieures aux valeurs seuils, mais que « Dans l’ensemble, les concentrations en métaux restent en dessous de la valeur seuil ‘sans effet’ ». L’étude montre que des évènements hydrologiques tels que les crues et chasses de réservoirs entraînent une baisse de concentration en contaminants, du fait du transport de particules plus grossières, moins chargées en contaminants que les particules fines. Par ailleurs, à l’embouchure du Rhône, les concentrations en PCB ont diminué, et celles en mercure et glyphosate se sont stabilisées. « La pollution des MES du Rhône en métaux n’est plus d’actualité, conclut l’Irstea. Il n’en reste pas moins que les évènements hydrosédimentaires engendrent des flux importants vers l’aval. » Et pour demain ? « Des sources de pollution entre Lyon et la mer (affluents non suivis, rejets ou ruissellement) ont pu être négligées dans ce bilan, c’est pourquoi le programme OSR5 (2018 – 2021) visera à mieux documenter les affluents méridionaux (Ardèche, Gardon, Drôme, etc.) ».