Les scientifiques de l’expédition Tara Pacific se sont alarmés mercredi d’ « un blanchissement massif des coraux sur l’ensemble du Pacifique » causé notamment par le réchauffement climatique.
« Si quelques sites étaient indemnes comme aux îles de Wallis et Futuna, la couverture corallienne avait été affectée à hauteur de 30 à 90% sur d’autres sites », indique un communiqué conjoint de la Fondation Tara Expédition et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), publié à mi-parcours de la mission. La célèbre goélette océanographique Tara a quitté le port français de Lorient le 28 mai 2016. Cette expédition est la 11e menée par Tara, qui a déjà parcouru l’Arctique pour y étudier la banquise, navigué dans toutes les mers du globe à la découverte du plancton ou sillonné la Méditerranée pour mesurer l’impact de la pollution des plastiques.
L’équipage de Tara « a observé les premiers récifs fortement impactés par le réchauffement climatique » en arrivant à Ducie Island, à l’ouest de l’Ile de Pâques en novembre 2016 puis à Moorea en Polynésie française le mois suivant. En Polynésie, dans plusieurs îles des Tuamotu, le blanchissement a atteint 30 à 50%, selon Tara. Sur certains sites comme aux îles Pitcairn, c’est près de 70% de la couverture corallienne qui est touchée. Aux îles Samoa, le blanchissement a même atteint 90% et a entraîné la mort des colonies coralliennes. Si les récifs de Wallis et Futuna ont été relativement préservés, « au nord du Pacifique, dans des eaux pourtant plus tempérées, les récifs n’ont pas non plus échappé au blanchissement: il atteint 70% à Okinawa, au Japon ».
Les récifs coralliens ne couvrent qu’environ 0,2% de la superficie des océans, mais rassemblent près de 30% de la biodiversité marine. « Plus l’augmentation de la température dépasse les normales attendues, et plus les durées d’exposition à ces fortes températures de l’eau sont longues et plus le blanchissement est fort », indique Serge Planes, chercheur au CNRS et directeur scientifique de la mission. « Limiter le réchauffement à deux degrés comme acté dans l’Accord de Paris est bien loin d’être suffisant pour les écosystèmes marins », insiste Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Expéditions. Après une traversée Est-Ouest de l’océan Pacifique, du canal de Panama à l’archipel du Japon, la goélette est actuellement sur la Grande Barrière de Corail d’Australie.