🔻Canada : 201 lois pour protéger la biodiversité… mais une efficacité douteuse

Photo d'illustration © Maike und Björn Bröskamp de Pixabay

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Une étude publiée dans la revue FACETS montre que le Canada a un bagage juridique lourd concernant la gestion de la biodiversité. Seulement,  ces lois offrent une protection fragmentée et inadéquate aux espèces et aux écosystèmes. Les scientifiques recommandent au pays de faire travailler toutes ses juridictions main dans la main.

Le Canada a une biodiversité étonnante : quelque 80 000 espèces connues. Le pays qui a élaboré sa première stratégie nationale sur la biodiversité en 1995 voit ses écosystèmes devenir de plus en plus faibles. Les prairies ont perdu au moins 70 % de leur étendue historique, les populations d’oiseaux présentes dans ces zones ont diminué de 57 % depuis 1970 et au total, seuls 24 % des 126 stocks canadiens de poissons et d’invertébrés marins sont actuellement considérés comme sains et 18% sont dans un état critique. Une étude publiée dans la revue FACETS démontre que la gestion de la biodiversité au Canada est assurée par un éventail très large de lois, règlements et autres outils juridiques. Seulement, les recherches montrent bien que tous ces outils offrent une protection fragmentée et inadéquate aux espèces et aux écosystèmes.

Les auteurs remarquent que le Canada favorise le développement régional des ressources naturelles, mais qu’il vaut mieux mettre en place des objectifs nationaux de protection de la biodiversité. Les chercheurs ont identifié 201 lois au Canada ayant un certain rapport avec la protection de la biodiversité, et la grande majorité d’entre elles offrent peu de garanties directes pour les espèces et les écosystèmes. Ils ont observé que la majorité de ces lois régissent l’extraction des ressources naturelles et se concentrent sur l’atténuation des effets négatifs plutôt que de les éviter. Quelques autres lois, que ce soit pour le contrôle de la pollution ou du changement climatique, peuvent « accessoirement » bénéficier à la biodiversité. Parmi les lois dont l’objectif premier est la protection de la biodiversité, la plupart sont consacrées aux aires protégées et aux espèces en péril, mais sont inégalement réparties dans le pays.

Les résultats ont mis en avant que la conservation de la biodiversité n’est en aucun cas un des principes directeurs de la prise de décision. Il a également été observé qu’aucune action concrète pour s’attaquer à la crise combinée de la perte de la biodiversité et du changement climatique de manière synergique n’a été mise en place. Le pays se contente d’évoquer vaguement ses intentions allant dans ce sens dans des discours. Les auteurs de l’étude  encouragent les juridictions canadiennes à travailler ensemble pour faire face au décalage entre les objectifs nationaux et leur capacité et volonté à les atteindre.

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