Six hommes et deux femmes ont été condamnés jeudi 22 octobre 2020 à Saint-Omer à des amendes et des stages de citoyenneté pour avoir menacé de mort sur les réseaux sociaux le patron des chasseurs Willy Schraen, a-t-on appris auprès des avocats. Ces condamnations sont très inférieures aux réquisitions.
En mai 2020, le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) avait été la cible de menaces sur les réseaux sociaux après avoir pris position sur la nuisance représentée par les chats, en estimant notamment que piéger les chats errants était bénéfique à la biodiversité. Six hommes et deux femmes ont alors été condamnés à des amendes et stages de citoyenneté pour les menaces à l’encontre du président de la FNC.
« Je sais où tu habites, fais attention !« , « On va te tirer comme un lapin et te laisser crever par terre« , « Je vous embroche comme un gros cochon« … Selon la défense du plaignant, quelque 2.000 appels de menaces et d’insultes avaient fait suite à ses propos. Les huit prévenus, âgés de 20 à 70 ans environ et originaires de plusieurs régions, ont tous été reconnus coupables. Mais leurs peines – amendes et stages de citoyenneté – sont bien en deçà des réquisitions du parquet. Le procureur Patrick Leleu avait requis le 24 septembre des peines de prison avec sursis de quatre à 12 mois à l’encontre de sept prévenus, et une peine de six mois ferme contre le huitième prévenu purgeant une peine de mise à l’épreuve dans une autre affaire.
Les avocats de la défense avaient pour leur part demandé la relaxe de leurs clients, estimant qu’ils avaient agi pour la plupart par « bêtise« . Willy Schraen a déploré jeudi « des peines trop légères par rapport au danger représenté par l’utilisation des réseaux sociaux« . Il a fait part de son souhait de faire appel. Pour Mme Agnetha Vytelingum, avocate d’un septuagénaire condamné à une amende de 300 euros et à indemniser M. Schraen à hauteur de 200 euros, et d’une jeune femme qui a écopé d’un stage de citoyenneté et devra lui verser 300 euros, il s’agit d’un retour sur terre face aux « demandes extravagantes » de M. Schraen, qui « voulait faire de ce procès un exemple« . Elle a pointé des « coïncidences très troublantes » entre l’audience et la publication du livre de M. Schraen préfacé par l’actuel ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti. « C’est une forme de jugement de Salomon« , a estimé son confrère Mme Stéphane Michel, en rappelant que « les prévenus ne représentaient qu’un très faible panel des messages envoyés« .