430 millions : c’est le budget pour 2020 de l’Office français de la biodiversité. Dont seulement 200 000 fournis par le ministère de l’agriculture, qui exerce pourtant la tutelle de l’Office au même titre que le ministère de l’écologie…
En 2020, l’OFB pourra employer 2 800 agents titulaires, et 710 contractuels. C’est ce qui ressort de l’analyse du budget de l’Office, rendu public le 3 janvier par une décision du ministère de l’écologie. Des chiffres qui devraient baisser en 2021 et 2022 : sur ces deux années la disparition de 63 emplois est d’ores et déjà programmée. Le budget global de l’Office est de 430 millions d’euros, un chiffre supérieur aux précédentes annonces de la secrétaire d’Etat Emmanuelle Wargon, qui parlait il y a quelques mois de 340£ millions. Mais une analyse plus détaillée conduit à relativiser cette « bonne nouvelle » : ainsi, près de 10 % du budget annuel (40 millions) est consacrée au plan Ecophyto. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Ce programme, censé réduire de 50 % l’utilisation de pesticides en France entre 2008 et 2018, n’a pu empêcher… une augmentation de 25 % sur la même période. En clair, ces sommes ont servi principalement à subventionner l’agriculture industrielle, sans qu’en retour aucun engagement ait été tenu. Dans le même temps, le ministère de l’agriculture, qui exerce la co-tutelle de l’OFB avec le ministère de l’écologie, ne contribue à son budget qu’à hauteur de 200 000 €. On pourrait donc considérer, avec juste un soupçon de mauvais esprit, que l’agriculture fait financer par l’Office français de la biodiversité des pratiques… nuisibles à la biodiversité !
Par ailleurs, 67 millions d’euros, qui apparaissent dans le budget de l’OFB, serviront à financer les parcs nationaux, lesquels sont des établissements publics indépendants de l’Office, même s’ils lui sont « rattachés ». Cette somme doit donc être aussi déduite du budget apparent de l’OFB.
Côté recettes, ce sont comme prévu les Agences de l’eau qui apportent la quasi-totalité des ressources : 332 millions d’euros. La contribution du ministère de l’écologie plafonne à 41,2 millions.
Ce budget suscite depuis plusieurs mois les critiques et les inquiétudes des syndicats et des organisations de protection de la nature, mais pas seulement. Dans son projet de rapport remis en octobre le rapporteur pour avis de la commission du développement durable, le député LREM Adrien Morenas écrivait : « du fait de la situation antérieure des deux organismes appelés à fusionner [L’Agence française pour la biodiversité et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage] ,ce budget global pourrait se révéler insuffisant au regard des missions à accomplir. En effet, à l’heure actuelle, l’AFB estime à environ 20 millions d’euros les crédits manquants pour lui permettre d’accomplir la totalité de ses missions. Pour sa part, l’ONCFS dispose d’un budget de l’ordre de 120 millions d’euros, très majoritairement constitué de la masse salariale (93 millions d’euros) et de charges de fonctionnement et d’investissement (respectivement 22 millions d’euros et 5 millions d’euros). Mais à compter de 2019, ce budget a évolué avec une diminution significative des recettes liées aux redevances cynégétiques (liée à la baisse du prix du permis de chasser), de l’ordre de 21 millions d’euros, ce qui a conduit à un prélèvement équivalent sur le fonds de roulement, non reconductible en l’état. En outre, l’ONCFS doit compenser le transfert de la fixation des plans de chasse de l’autorité préfectorale aux fédérations départementales des chasseurs, ce qui se traduit par une dépense supplémentaire à la charge de l’ONCFS d’environ 9 millions d’euros ».
Le projet de rapport d’Adrien Morenas
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