Une transition écologique à tout petits pas… (3 mn 30)

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L’édition 2019 du  « rapport sur l’environnement en France », publié tout les quatre ans, montre que certains paramètres s’améliorent légèrement… sur un fond de dégradation accélérée.

Malgré l’extension de nombreux mécanismes de protection des espaces naturels et des espèces, la situation des écosystèmes terrestres, aquatiques et marins français demeure préoccupante. Ainsi, seuls 20 % des habitats d’intérêt communautaire sont dans un état de conservation satisfaisant sur la période 2013-2018. Les populations d’insectes et d’oiseaux chutent. La qualité des sols s’appauvrit. En France métropolitaine et en outre- mer, les écosystèmes demeurent encore confrontés à de nombreuses pressions : l’artificialisation des sols, dont le rythme demeure élevé en dépit des dispositions mises en place pour la maîtriser (le littoral français du fait de son attractivité est particulièrement concerné par ce phénomène) ; la fragmentation des milieux naturels qui limite la libre circulation des espèces et leur capacité à se reproduire ; le changement climatique qui modifie la répartition des espèces ; les pollutions chimique et lumineuse qui affectent de nombreuses espèces végétales et animales, en particulier les insectes ; des pratiques agricoles incompatibles avec le maintien de certaines espèces (hamster d’Alsace, Râle des Genêts, etc.) ; l’introduction accidentelle ou involontaire d’espèces invasives qui entrent en concurrence avec des espèces endémiques, comme le frelon asiatique. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]

Le rapport publié par le Commissariat général au développement durable (CGDD) n’incite pas à un optimisme débridé… Il montre pourtant que certaines politiques publiques, certaines réglementations, peuvent porter leurs fruits : la campagne de modernisation des stations d’épuration engagée durant les années 2000 et l’évolution de certaines pratiques agricoles participent à l’amélioration de la qualité des eaux des rivières, notamment en termes de présence des matières organiques (nitrates, phosphates). Cependant, même si la qualité des eaux de baignade demeure satisfaisante, le littoral reste confronté régulièrement à des épisodes de marée verte en raison des apports à la mer encore excessifs de nitrates ou de phosphates par les cours d’eau. Enfin, la règlementation en vigueur a permis de réduire les rejets de substances polluantes en mer.

C’est surtout en matière de lutte contre le changement climatique que de timides résultats apparaissent. En matière de biodiversité, la situation est encore moins favorable. Ainsi, depuis le début des années 2000, les rejets de la plupart des polluants dans l’air extérieur diminuent. Les émissions d’oxydes d’azote ont par exemple chuté de 49 % sur la période 2000-2017. Toutefois, chaque année, plusieurs agglomérations font face à des dépassements des seuils réglementaires de protection de la santé humaine ou sont exposées à des épisodes de pollution d’ampleur nationale aux oxydes d’azote, aux particules fines ou à l’ozone. Les événements climatiques extrêmes, tels que les fortes chaleurs ou les canicules, aggravent très souvent la situation.  Sur la période 1990-2017, les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire national ont diminué de 18 %. Cependant, la trajectoire actuelle, même si les émissions par habitant sont inférieures à la moyenne européenne, est encore éloignée de celle qui permettrait de respecter les objectifs de l’Accord de Paris sans rupture des modes de vie. Les émissions de gaz à effet de serre des transports et celles du résidentiel/tertiaire peinent en effet à diminuer, les progrès technologiques concernant les motorisations des véhicules ou l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments étant compensés d’une part par la hausse des déplacements (le nombre de kilomètres parcourus par les véhicules routiers a crû de 42 % depuis 1990) et d’autre part par l’augmentation de la surface des logements (+49 % depuis 1990).

À l’inverse, aucun progrès significatif ne se dessine en ce qui concerne la qualité chimique des eaux souterraines. Ainsi, depuis 2000, environ 2400 forages destinés à la production d’eau potable ont été abandonnés pour des raisons de pollution excessive par les nitrates ou les pesticides. Cette situation s’explique notamment par le fait que plusieurs décennies sont nécessaires pour que certaines substances se dégradent lorsqu’elles ont atteint une nappe. C’est notamment le cas pour les nitrates et les pesticides. Ainsi, l’effet positif attendu d’une mesure prise pour préserver la qualité des eaux souterraines est très souvent perceptible de nombreuses années après sa mise en place.

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