Un projet de décret, directement inspiré par la Fédération nationale de la chasse, vise à légaliser les chasses « traditionnelles » (glu, matoles, etc) prohibées par l’Union européenne, en utilisant un artifice juridique.
« L’utilisation de modes et moyens de chasse consacrés par les usages traditionnels est autorisée dès lors qu’elle correspond à une exploitation judicieuse de certains oiseaux ». C’est l’article 2 d’un très court décret concocté par la Fédération nationale des chasseurs et adopté par le gouvernement. Actuellement en consultation sur le site du ministère de la transition écologique. Officiellement, il s’agît de « remédie(r) à certaines incomplétudes de la transposition actuelle de la directive européenne « oiseaux ». L’article 9 de cette directive prévoit des dérogations aux articles relatifs à l’interdiction de prélèvements des oiseaux, s’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante, entre autres pour « permettre, dans des conditions strictement contrôlées et de manière sélective, la capture, la détention ou toute autre exploitation judicieuse de certains oiseaux en petites quantités ». [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
Rien, dans cette phrase, ne vise les chasses traditionnelles. Mais le caractère flou de la formule « exploitation judicieuse » a permis aux chasseurs, avec la complicité bienveillante du gouvernement, de s’engouffrer dans la brèche et d’ériger les chasses « consacrées par les usages traditionnels » au rang d’ « exploitation judicieuse ».
Devant la justice, les piégeurs à la glu affirment systématiquement que leur pratique est sélective et ne concerne que les grives et les merles, qu’ils considèrent comme abondants et donc à « exploiter judicieusement ». Selon eux, les autres espèces d’oiseaux englués seraient immédiatement relâchées indemnes, ce que conteste la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Le 20 Décembre, le tribunal correctionnel de Draguignan jugera la destruction d’un faucon crécerelle par un piège à glu dans le Var. La LPO affirme également disposer de preuves documentant de récentes captures fatales de mésanges bleues, de rouges-gorges et de tariers pâtres.
« Alors que, suite à une plainte de la LPO, la France a fait l’objet de l’ouverture d’une infraction de la part de la commission européenne pour avoir contrevenu à la Directive Oiseaux en autorisant la chasse aux oiseaux migrateurs en février et pour être le dernier pays à autoriser le piégeage des oiseaux avec de la glu, voici donc la réponse du gouvernement,déclare la LPO. Ce dernier fait en outre prendre des risques inconsidérés de recours devant la Cour de Justice de l’Union Européenne, avec des pénalités potentielles de plusieurs millions d’euros pour satisfaire à nouveau le lobby cynégétique ».
De son côté, le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, se félicite de l’initiative gouvernementale : « La rédaction proposée répond à la demande de la FNC, écrit-il sur sa page Facebook. Ce décret va permettre de mieux fonder les décisions que le ministre sera amené à prendre pour la prolongation dérogatoire de la chasse des oies et les quotas des chasses traditionnelles. »
Le décret est en consultation jusqu’au 16 novembre.
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