Les abeilles ne pourront pas subir une exposition aiguë aux produits phytopharmaceutiques dans le cadre de l’évaluation de leur impact, comme le préconisait la Commission européenne. Par ailleurs, les pesticides ne seront bientôt plus en vente libre au grand public en France.
le Parlement européen a rejeté, mercredi 23 octobre, la proposition de règlement de la Commission européenne en matière d’évaluation de l’impact des produits phytopharmaceutiques sur les abeilles communes. L’une des conclusions du rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) publié en mai 2019 était que 9% des espèces d’abeilles et de papillons d’Europe risquent l’extinction. La France était le seul pays à s’être opposé, lors du vote au Conseil en juillet dernier, à l’adoption de ce texte « qui ne tient pas compte de la toxicité chronique de ces produits sur les abeilles.« , a fait savoir le gouvernement. [ihc-hide-content ihc_mb_type= »show » ihc_mb_who= »1,2,3,4,5″ ihc_mb_template= »1″ ]
La Commission européenne envisageait de mener une évaluation des risques que présentent les produits phytopharmaceutiques pour les abeilles lors d’une exposition aiguë et chronique dans le cadre de la procédure d’autorisation. Mais la plupart des États membres de l’UE se sont opposés à ces dispositions, « forçant la Commission à trouver un compromis pour ne conserver que les dispositions qui protègent les abeilles contre une exposition aiguë », explique le communiqué du Parlement. « La Commission européenne devra donc présenter une nouvelle proposition ».
Dans le même temps, le gouvernement français a lancé un processus visant à interdire la vente libre au grand public de certains pesticides, produits potentiellement dangereux dont une étude récente a démontré une utilisation « généralisée » à la maison. « L’usage des biocides par le grand public présente des risques, notamment liés à la méconnaissance de leur toxicité et des précautions d’utilisation, » et la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne a « saisi l’Anses (agence sanitaire nationale) pour interdire la vente de certains de ces produits en libre-service, conformément aux dispositions prévues dans la loi Egalim« , ou loi alimentation, votée l’an dernier, a indiqué jeudi le ministère.
Cette saisine suit la publication la semaine dernière d’un décret déterminant « les catégories de produits biocides ne pouvant être cédés directement en libre-service à des utilisateurs non professionnels, compte tenu des risques qu’ils présentent pour la santé humaine et pour l’environnement« . Il s’agit des « produits pour lesquels des données permettent d’établir ou de suspecter l’apparition de résistances« , ceux « pour lesquels des cas d’intoxication involontaire sont signalés » et de ceux qui ne peuvent faire l’objet d’une « procédure d’autorisation simplifiée (et) sont fréquemment utilisés en méconnaissance des règles visant à préserver la santé humaine ou l’environnement, figurant dans leur autorisation de mise sur le marché ou dans la notice élaborée par leur fabricant« .
L’Anses devra établir la liste des produits concernés « sous 8 mois« , précise le ministère. L’agence avait publié début octobre une étude de terrain réalisée sur 1.500 ménages de France métropolitaine en 2014 et établissant que 75% d’entre eux avaient utilisé au moins un pesticide dans les 12 mois précédents. Une utilisation « généralisée« , loin de concerner uniquement le soin des plantes. Ainsi 61% des détenteurs d’animaux domestiques les traitent contre les puces et les tiques, 40% des ménages ont recours à des biocides contre les insectes volants et 28% contre les rampants, 12% utilisent des répulsifs corporels contre les insectes, 9% des produits contre les rongeurs, 7% contre les poux humains, 4% contre les acariens… Et un peu plus du tiers seulement des particuliers disent respecter les règles de prudence avec les produits contre les insectes volants.
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